Les gardes indigènes procédaient au décrochage de grandes affiches posées par les FARC commémorant la mort de leur ancien chef, Alfonso Cano, lorsqu'ils ont été tués.
La communauté indigène nasa est prise en étau dans ce territoire immense de Toribio qu'elle gère, avec les gardes indigènes qui la protègent. Ceux-ci avaient négocié avec les FARC pour qu’ils décrochent leurs affiches, mais des gardes en avaient encore trouvé. Alors qu'ils en enlevaient une autre, des miliciens des FARC, poursuivis par les gardes non armés, se sont retournés contre eux : ils en ont tué deux à bout portant.
Carlos Antonio Yatacué est le coordinateur de la garde indigène de Toribio : « On a appelé encore plus de renforts, et on a poursuivi les auteurs de ces actes jusque dans la montagne. On en a attrapé huit. Selon notre justice traditionnelle, ils pourraient être condamnés à 40 ans de prison. »
Le gouvernement colombien a condamné ces assassinats, ainsi que le président Juan Manuel Santos, qui est en tournée en Europe pour obtenir un soutien des pays européens à son plan de paix. Mais ce plan ne convainc pas les Indiens nasa. Carlos Antonio Yatacué rappelle que la violence est quotidienne dans la région de Toribio : « Nous ne sommes pas d'accord avec cette paix sans représentants indigènes. Là-bas, à La Havane, ils sont en train de dialoguer. Mais ici, la situation est de pire en pire, juge le coordinateur de la garde indigène de Toribio. On ne sait pas ce que veulent les FARC ! J'aimerais qu'ils éclaircissent cela : que signifie la paix pour eux ? Nous, nous voulons une paix sans violence ».
Carlos Antonio Yatacué est lui-même menacé. Selon lui, la communauté nasa est à bout, et le plan de paix du président Santos ne sert à rien sans un engagement concret des FARC sur le terrain.