La réélection de Dilma Rousseff à la tête du Brésil, dimanche soir, a trouvé sa traduction économique dès le lendemain matin. Lundi 27 octobre, quelques minutes à peine après l'ouverture de la bourse de Saõ Paulo, l'Ibobespa, le principal indicateur des valeurs brésiliennes, chutait de 6%, tandis que la monnaie nationale, le real, dégringolait de 4%.
Les marchés penchaient pour Aecio Neves, devancé de 3%. Ce candidat de centre-droit promettait du changement, un tournant libéral afin de redresser l'économie qui en quatre ans s'est tellement essoufflée que la croissance aujourd’hui est quasiment nulle. Les prévisionnistes attendent 0,3% cette année, contre 7,5% en 2011.
Le pays, qui est entré en récession début 2014, est encore vu comme une terre d'investissement pour les compagnies étrangères, mais les entrepreneurs brésiliens n'ont plus confiance. La faute, selon eux, à la politique économique menée par Dilma Rousseff ces dernières années, sans oublier les scandales de corruption, les prix toujours plus élevés, et les frustrations liées à la médiocrité des services publics au Brésil.
« Mercantilisation » de l'éducation
Elena de Carvalho Stenfield, médecin, réclame une politique forte en matière de santé publique : « La situation sanitaire empire d’une année sur l’autre, il n’y a pas d’investissement dans les infrastructures médicales, nous manquons de tout. Nous avons besoin de médicaments, de matériel, de personnel technique, d’infirmiers et de médecins. La population augmente et la politique sanitaire doit suivre cet accroissement démographique. »
De son côté, Carlos Roberto Medeiros Cardoso, professeur et directeur d'une école dans la banlieue de Saõ Paulo, dénonce une « mercantilisation » de l’éducation : « Il n'y a pas de modèle. Même le Parti des travailleurs dans la ville de Saõ Paulo applique le modèle des conservateurs. Aujourd'hui, il a réussi à avancer dans la mise en place d'un système qui consacre plus de ressources à l'éducation, 10 % du PIB du pays, et vers une plus grande autonomie des écoles. » Carlos Roberto Medeiros Cardoso appelle à faire rentrer la démocratie dans les écoles. « L’éducation actuelle au Brésil est trop liée au système et aux intérêts du capital. La grande bataille en ce moment, c'est d'obtenir qu'on s'éloigne de ce modèle mercantiliste de l'éducation, qui fait abstraction de l'éducation publique comme un droit fondamental. »
La nomination prochaine d'un nouveau ministre de l'Economie, seul changement annoncé pour l’heure par Dilma Rousseff, ne devrait pas suffire à calmer la grogne et à remotiver les marchés.