Jamais, depuis la fin de la dictature en 1985, un scrutin n’a été aussi serré. Le pays est effectivement divisé entre le sud, plus riche, qui a voté majoritairement pour le candidat du parti social-démocrate, Aecio Neves, et son programme libéral, et le nord-est plus pauvre, une région qui reste un bastion du Parti des travailleurs. Dilma Rousseff a très bien compris le message des urnes. Dans son premier discours en tant que présidente réélue, elle a appelé les Brésiliens à l’unité.
Alors que « la dame de fer » a fait campagne sous le thème de la continuité, elle s’est présentée dimanche soir comme la présidente du changement, reprenant du coup le slogan de ses adversaires : « Je sais que je suis reconduite à la présidence pour entreprendre les grands changements que la société brésilienne exige. Parmi toutes les réformes à faire, la première et la plus importante doit être la réforme politique ».
Cette réforme politique sera soumise à un référendum, a-t-elle promis, mais c’est au Congrès d’en décider. Et il n’est pas sûr que le Parlement soit vraiment motivé car les partis craignent de perdre certains privilèges. Le candidat malheureux Aecio Neves a quant à lui appelé au rassemblement malgré la défaite : « J’estime que la priorité absolue doit être celle de rassembler le Brésil autour d’un projet honnête qui donnera dignité à tous les Brésiliens ». Quel sera précisément ce projet ? Pour l’instant, impossible à dire. Durant sa campagne, Dilma Rousseff n’a pas présenté de programme de gouvernement.
Les défis économiques
Dans son discours de victoire, elle n’a pas non plus précisé ce qu’elle comptait faire pour relancer une économie en panne. Elle est pourtant attendue au tournant sur ce sujet car l'économie brésilienne a fortement ralenti. La confiance des entrepreneurs est à son plus bas niveau depuis 5 ans, et les investisseurs sont mécontents, affirme l'analyste de LatAm Confidential, Richard Lapper, interviewé par l'AFP. Après la victoire de la candidate du Parti des travailleurs, la Bourse de Sao Paulo a d'ailleurs chuté de 6% dès son ouverture, ce lundi. Aecio Neves était le candidat favori des milieux d'affaires.
Dilma Roussef a annoncé le changement de son ministre de l'Economie. On ne connaît pas pour l'heure qui sera le successeur de Guido Mantega. Mais l'attente est grande dans un pays entré en récession au premier semestre 2014.
Et puis, il y a les dénonciations de corruption au sein du géant pétrolier brésilien Petrobras qui a alimenté les derniers débats de la campagne présidentielle. « Ils savaient tout », a ainsi titré l'hebdomadaire Veja en parlant de Dilma Rousseff et de son prédécesseur Lula. L'enquête permettra d'en savoir plus, et notamment si le accusations reprises par Neves étaient fondées. Rousseff a promis de mener « un combat plus rigoureux contre la corruption ».