Les Boliviens l'appellent « El Evo ». Un surnom qui va de soi, et qui sied bien à ce président de 54 ans, aujourd'hui aux portes d'un troisième mandat. Avec en moyenne 40% d’intentions de vote de plus que son principal rival - l’homme d’affaires de centre-droit Samuel Doria Medina -, le président Morales semble même assuré d’une victoire au premier tour, rapporte notre correspondant à La Paz, Reza Nourmamode. Face à une opposition divisée, qui présente quatre candidats, et fort d’un bilan positif dans le domaine économique (et celui de la lutte contre la pauvreté et les discriminations), il a fait campagne sur la continuité.
Voilà neuf ans qu'Evo Morales, premier président amérindien de Bolivie, est aux manettes avec le Parti socialiste. « Nous avons lutté contre un modèle de pillage de nos ressources naturelles, rappelle-t-il. Ce qu’ils faisaient, c’est nous dominer politiquement pour nous voler économiquement. Avant, que disaient-ils ? Que nos frères indigènes n'étaient bons qu'à voter, et non à gouverner. Cela fait presque neuf ans que nous leur avons appris comment gouverner. Nous avons commencé à bien gouverner, et c’est pour cela que dimanche, nous allons gagner, et avec une large majorité. »
L’enjeu principal pour Evo Morales : obtenir les deux tiers des sièges au Parlement, scénario que redoutent par-dessus tout ses opposants, qui le soupçonnent de vouloir modifier la Constitution afin de pouvoir se représenter en 2020. Pour y arriver, le leader indigène devra s'imposer dans des bastions prêtés à l'opposition, comme la capitale économique Santa Cruz, où il espère emporter la mise pour la première fois. Un pari fou, mais pas impossible, puisque même le monde des affaires bolivien commence à s'accommoder de ce président socialiste ayant su se montrer pragmatique.
Parmi les quatre autres candidats à l'élection présidentielle, le mieux placé s'appelle Samuel Doria Medina. Il est évalué à 18% d'intentions de vote. Pas de quoi faire de l'ombre à Evo Morales. Une telle stabilité politique est inédite en Bolivie, pays affichant l'un des meilleurs taux de croissance de la région, grâce aux nationalisations massives des principales ressources stratégiques (notamment les hydrocarbures).