Avec notre envoyée spéciale à l'ONU, Anne Corpet
Le président iranien Hassan Rohani a multiplié cette semaine les entretiens bilatéraux sans que cela ne suscite de réaction particulière, comme si ces rencontres étaient désormais normalisées.
Il a rencontré une dizaine de chefs d'Etat et de gouvernement. Mais il n’a eu aucun contact direct avec le président américain. Comme l’année dernière, le président iranien a vu le président français. François Hollande a déclaré qu’« un partenariat était possible avec l’Iran ». Pour la première fois depuis dix ans, une rencontre a eu lieu avec le Premier ministre britannique. David Cameron a estimé qu’il fallait « donner à l’Iran l’occasion de montrer qu’il pouvait contribuer à une solution en Syrie ».
Contre toute attente, Hassan Rohani n’a pas réagi aux frappes américaines déclenchées pendant l’assemblée générale sur le territoire de son allié syrien. Et le discours qu'il a délivré à la tribune de l’ONU a été sur un ton plutôt modéré, même s'il a accusé à mots couverts les Occidentaux d’être à l’origine de l’expansion de l’organisation de l’Etat islamique.
« Certaines agences de renseignements ont mis des armes dans les mains de fous qui n'épargnent personne. Tous ceux qui ont joué un rôle dans l'émergence des groupes terroristes doivent reconnaitre leurs erreurs, et présenter leurs excuses », a-t-il déclaré.
Les sanctions : « une erreur stratégique »
C'est dans la condamnation des sanctions prises contre l'Iran par la communauté internationale dans le cadre du contentieux sur le dossier nucléaire qu'Hassan Rohani s'est montré le plus virulent.
« Les sanctions sont une erreur stratégique contre une nation modérée », a-t-il lancé à la tribune des Nations unies. Mais pour aussitôt afficher sa détermination à aboutir le plus rapidement possible à un accord sur le dossier nucléaire.
« Depuis un an, nous négocions avec sérieux et optimisme des deux côtés », a-t-il assuré. Les négociations ont repris à New York le 18 septembre et se sont poursuivies toute la semaine en marge de l'assemblée générale de l'ONU. Rien n’a filtré de l’avancée de ces discussions, si ce n’est cette phrase du ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Stenmeier, à l’issue de sa rencontre avec le président iranien : « Nous n’avons jamais été aussi proches d’un accord qu’aujourd’hui. Mais la vérité, c’est que la phase finale des négociations est probablement la plus difficile. »
Course contre la montre
Ce jeudi, le secrétaire d’Etat américain John Kerry, le ministre iranien des Affaires étrangères Mohamad Javad Zarif et la représentante de l’Union européenne Catherine Ashton se sont rencontrés. Tous trois doivent se revoir ce vendredi. Les négociations pourraient se prolonger au delà de la date butoir pour la conclusion d’un accord qui est fixée au 24 novembre.
Toutes les parties assurent être pressées d'aboutir. En particulier Hassan Rohani et Barack Obama, dont la marge de manoeuvre intérieure risque de se réduire. Le président iranien est soumis à l'intense pression intérieure des conservateurs, et Barack Obama risque de perdre sa majorité au Sénat lors des élections de mi-mandat de novembre prochain. Les républicains américains, s'ils l'emportent, ne seront pas pressés de conclure des négociations avec les Iraniens. Et risquent de bloquer un vote indispensable du Congrès pour la levée des sanctions.