Avec notre correspondante à Montréal
C’est le maire de Cape George, un petit port où habitent 900 personnes, qui a eu l’idée de vendre la baleine sur Internet. La localité n’avait pas les moyens de disposer de la carcasse d’une baleine bleue échouée sur la plage depuis le 30 avril dernier.
Il faut dire qu’il s’agit d’un cadavre plutôt encombrant, car ce cétacé d’une douzaine de mètres de long et lourd de 25 à 30 tonnes est le plus gros animal sur la terre. Le problème, c’est que la baleine a commencé à se décomposer sur le bord de l’eau, dégageant une odeur particulièrement nauséabonde. Et personne ne voulait venir en aide à la petite municipalité pour tenter de tirer la carcasse vers le large, le gouvernement dégageant sa responsabilité du financement. La baleine bleue s’est donc retrouvée sur eBay, dans la rubrique « marchandises étranges ».
Et des acheteurs se sont manifestés. Les enchères, démarrées à environ 60 centimes d’euros, ont monté rapidement à près de 1 300 euros. Un acheteur de Calgary, à près de 4 000 km de là, a notamment signifié son intérêt. Il se spécialise dans l’excavation de fossiles de dinosaures, et disait être en contact avec plusieurs clients potentiels. Malheureusement pour la municipalité de Cap George, ses espoirs de vente de baleine ont fondu comme neige au soleil.
Rapidement, le ministère de l’Environnement a fait savoir au maire qu’il ne pouvait pas disposer ainsi des restes d’un animal sauvage et que la vente sur Internet devait arrêter immédiatement. Cependant, le gouvernement refusait de venir en aide aux habitants du port pour s’occuper de la carcasse.
Le squelette du plus gros animal du monde
La baleine ne se trouve plus sur place. Mais ce n’est ni grâce à eBay, ni au gouvernement de Terre-Neuve ou du Canada. Le salut est venu de fortes marées et de vents très importants qui ont réussi à déloger le cadavre de la baleine et à l’emmener vers le large. Les habitants de Cape George peuvent donc à nouveau respirer l’air salin sans avoir la nausée, ce qui n’est pas le cas des citoyens d’un autre port plus au Nord, eux aussi aux prises avec une carcasse de baleine échouée sur le rivage.
Trois baleines bleues mortes se sont retrouvées ces dernières semaines sur les côtes de Terre-Neuve, car elles ont été emprisonnées dans les glaces en mars dernier. Neuf spécimens sur les 250 qui composent la population de ce cétacé dans ce coin du monde ont ainsi trouvé la mort. Le musée d’histoire naturelle de l’Ontario a offert son aide pour transporter une des carcasses à Toronto, à près de 1 800 km. L’opération, très compliquée, a pour but d’exposer dans le musée le squelette du plus gros animal du monde. Et d’effectuer des recherches sur les échantillons de tissus de l’animal.