« Le visage du mal », titrait au mois de mars un journal brésilien lorsque Paulo Malhães a avoué les horreurs qu’il avait commises au début des années 1970, avec un luxe de détails glaçants. « Il a donné des détails sur leur manière d'assassiner et de faire disparaître les corps, se souvient Jair Krischke, directeur du Mouvement brésilien de la justice et des droits de l’homme. Par exemple les tortionnaires arrachaient les dents pour éviter l’identification des cadavres et ils coupaient les doigts pour faire disparaître les empreintes digitales. »
Selon sa veuve, Paulo Malhães aurait été tué par asphyxie par les trois hommes qui se seraient introduits chez lui, dans la banlieue nord de Rio. Ils auraient aussi volé des armes et un peu d'argent... « Ils ont fait ça pour donner l’impression que c’est un cambriolage. Le colonel a donné des informations sur l’appareil répressif, et je pense que certains se sont inquiétés qu'il ne donne des précisions sur les services secrets brésiliens. Malhães devait passer une nouvelle fois devant la commission pour préciser certains points », poursuit Jair Krischke.
La Commission nationale de la vérité (CNV), devant laquelle Paulo Malhães témoignait, a été lancée en mai 2012 par la présidente Dilma Roussef, elle-même torturée sous la dictature. Celle-ci doit finir ses travaux en décembre prochain. Officiellement 400 personnes ont perdu la vie ou disparu pendant la dictature militaire au Brésil et quelque 20 000 ont été torturées. La Commission demande que la police fédérale accompagne les enquêteurs locaux dans leur traque des assassins de Paulo Malhães.