Avec notre correspondant à Sao Paulo, Martin Bernard
Faut-il revenir sur les crimes de la dictature militaire (1964 - 1985) et punir les éventuels coupables de torture ? Cela fait des années que le débat oppose les militaires qui se sentent couverts par la loi d’amnistie promulguée il y a trente ans, en août 1979, et les victimes de la répression. Quelque 400 opposants ont été tués ou ont disparu sous la dictature.
Les gouvernements civils ont accordé des indemnisations aux persécutés bien qu’ils se soient toujours refusé à ouvrir les vieilles plaies du passé. Mais en cette fin d’année, changement de décor ! Le ministre des Droits de l’homme, Paulo Vanucci, lui-même ancien prisonnier politique, propose la création d’une Commission de la vérité pour enquêter sur les crimes de la dictature, ce qui suppose une remise en cause de la loi d’amnistie.
Stupeur dans les rangs de l’armée. Des chefs d’Etat major brandissent la menace d’une démission et mettent en garde contre le revanchisme. Le ministre de la Défense, Nelson Jobim, dément les spéculations au sujet de sa propre démission. Enfin, Tarso Genro, le ministre de la Justice, tente de calmer le jeu en déclarant qu’aucune décision irrévocable n’a été prise et que le président Lula da Silva tranchera le débat à son retour de vacances dans une dizaine de jours.