Nicolas Maduro en rêvait depuis quelques semaines et ce mardi, son rêve est devenu réalité. Le président vénézuélien va pouvoir gouverner à sa guise. Cette loi est en fait d'un instrument juridique constitutionnel qui permet au président de dicter des décrets ayant rang, valeur et force de loi dans les domaines qu'il juge pertinents.
Une loi pour mener «une guerre économique»
Cette loi permet surtout de contourner le Parlement. Nicolas Maduro compte lutter contre l'inflation en adoptant notamment une série de mesures qui doit à terme réglementer les coûts, les gains et les bénéfices des commerçants. Selon le président, ces textes sont prêts et n'attendaient que l'officialisation de cette loi pour entrer en vigueur.
L'autre objectif visé : la corruption
Il s'agit d'un mal endémique au Venezuela, que le président Nicolas Maduro attribue majoritairement à l'opposition. Ce n'est pas la première fois que de tels pouvoirs sont octroyés au président. En 1999, 2000, 2007 et 2010 Hugo Chavez avait déjà utilisé cette loi pour faire passer une série de mesures.
L'opposition conteste ce choix et s'estime dans l'œil de mire du pouvoir. Surtout que le 8 décembre prochain doivent se tenir les élections municipales qui pourraient se transformer en sanction pour le pouvoir en place.
Sur place, Maduro entre «farce» et héros du peuple
Avec notre correspondant à Caracas, Julien Gonzalez
Sur la place Simon Bolivar, des centaines de Vénézuéliens se sont rassemblés dès la mi-journée pour suivre le vote sur plusieurs téléviseurs. L’hymne national retentira plusieurs fois. Jusqu’à l’explosion de joie.
Avec son tee-shirt portant l’inscription«je suis le 99e», Elisabeth affirme que Nicolas Maduro est le grand gagnant de la journée. Elle s'enthousiasme : «Ça va être plus facile pour le Président de d’approuver des lois maintenant. Et surtout de terminer son travail de régularisation des prix dans les magasins. Car le peuple souffrait à cause de ces prix exorbitants. Grâce à Dieu, avec ces pouvoirs spéciaux, ce sera plus simple. Notre Président maintenant est au maximum de sa popularité. Il faut être vraiment égoïste pour ne pas se rendre compte que toutes les mesures que prend Nicolas Maduro, c’est pour le peuple.»
Une joie que ne partage pas Carlos ! Derrière son stand de jus de fruits, quelques rues plus loin, il dénonce les manœuvres scandaleuses du parti au pouvoir. «C’est une farce. Le suppléant qui a dit oui a été acheté. Les pouvoirs spéciaux qui servent à combattre la corruption ont été approuvés grâce à la corruption. Ils contrôlent maintenant quasiment toutes les institutions. Je suis indigné : ils manœuvrent dans l’Assemblée comme ils veulent. Ils ne respectent pas les députés de l’opposition, les insultent. Je ne suis pas d’accord avec leurs manières.»
Pour sa première mesure, Nicolas Maduro a d’ores et déjà prévenu: il tient prête sa «Loi des Prix justes».