Avec notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio
Le gouvernement israélien envoie une délégation aux Etats-Unis pour faire valoir ses arguments sur le dossier iranien, et les élus républicains du Congrès préparent le terrain. Il ne faut pas relâcher la pression sur l’Iran, disent-ils, heureusement que les négociations de Genève n’ont pas abouti.
« Vive la France » a même twitté, dans la langue de Molière, John McCain. Suivi par Lindsey Graham, autre sénateur très influent sur la politique étrangère des Etats-Unis qui s’exprimait sur le réseau CNN.
« Merci mon Dieu, la France était là »
« Les Israéliens deviennent fous, apoplectiques, en voyant ce que nous faisons. Je n’ai jamais été aussi inquiet sur l’approche de l’administration Obama concernant le Moyen Orient. Nous avons l’air de vouloir l’accord considéré comme le pire, par tous les pays de la région. Merci mon Dieu, la France était là, et merci mon Dieu, nous avons reculé. »
Cet échec à Genève est la plus mauvaise configuration possible pour l’administration Obama : le sujet iranien devient un dossier de politique intérieure, avec un parti républicain qui va se ranger aux côtés d’Israël, autant par conviction que pour gêner le président. Les sénateurs vont jusqu’à annoncer la préparation d’un texte qui, loin, de chercher la détente avec Tehéran, va proposer un renforcement des sanctions.
Il faudra attendre le 20 novembre, et la réaction de l’Iran pour savoir si cette occasion manquée est rattrapable.
■ VU D'IRAN : les Iraniens raille Fabius
Avec notre correspondant à Téhéran, Siavosh Ghazi
Les médias iraniens ont tiré à boulets rouges contre la France et Laurent Fabius, pointés du doigt après l'échec d'un accord à Genève. « M. Fabius, on n’oubliera pas », écrit à la une le quotidien Rafteso, en affirmant que les Iraniens ont pris d’assaut la page Facebook de Laurent Fabius pour le critiquer.
« M. Fabius, les Iraniens ne vont pas oublier votre hostilité. Vous êtes devenu la marionnette d’Israël et de l’Arabie Saoudite », écrit en effet un internaute iranien sur la page Facebook de Laurent Fabius.
Pour sa part, le grand quotidien économique Tésat, proche du gouvernement, affirme en couverture que la France sera la grande perdante des négociations de Genève.
« La normalisation des relations avec l’Occident se produira, tôt ou tard, et le sabotage de la France sur les négociations desservira certainement les intérêts de la France », écrit l’économiste iranien Moussa Khalinejad.
La France était en effet un grand partenaire économique de l’Iran, avec des investissements importants des compagnies Total, Peugeot ou Renault, qui ont dû se retirer à cause de sanctions économiques.
Le chef de la diplomatie iranien Mohammad Javad Zarif a confirmé sur sa page Facebook qu’un accord était à portée de main à Genève, mais qu’une seule délégation avait des problèmes, en allusion à l’attitude de la France.
Réponse de Laurent Fabius
Face à ce déchaînement, médiatique et virtuel, le ministre des Affaires étrangères a tenu à justifier et préciser, ce lundi sur la radio Europe 1, sa position et celle de la France :
« Vous savez, il y a des domaines sur lesquels on n’est pas d’accord avec les Russes, les Chinois, etc. Mais là, nous sommes absolument tous d’accord.
Il y a eu un rôle très important que je veux souligner, de Madame Ashton ; et John Kerry avec son énergie habituelle a fait beaucoup avancer les choses.
Nous ne sommes pas loin d’un accord avec les Iraniens. Mais nous n'y sommes pas encore. Certains disent que la France est isolée, d’autres disent qu'elle est suiviste. Non ! Nous sommes fermes, nous ne sommes pas fermés ! Ce n’est pas la même chose !
Nous voulons la paix, et je constate un changement très important de la part des Iraniens. Mais nous voulons aller jusqu’au bout. Et moi, j’ai bon espoir qu’on arrive à un bon accord. »