Avec notre correspondante à Québec, Pascale Guéricolas
A la coopérative des Grands-Rangs à Québec, on ne vend que des fromages locaux. L'accord entre l'Union européenne et le Canada risque de malmener la toute jeune industrie québecoise du fromage. Les importations de crottins de Chavignol, de bleus de brebis devraient en effet doubler avec cette entente. Des fromages très subventionnés selon les producteurs québecois, ce qui rend la bataille commerciale très inégale.
« Scénario catastrophe »
Le producteur Louis Arsenault dirige une association qui regroupe une quarantaine d'artisans fromagers : « C'est un scénario catastrophique, car cela veut dire que des fromageries vont fermer. Particulièrement des petits producteurs, qui sont dans des laits plus spécifiques comme la brebis ou la chèvre, et qui sont isolés souvent en région. Comment pensez-vous que l'on peut réussir à vendre un fromage de brebis à 70 dollars le kilo, quand vous avez un ossau-iraty qui vient des Pyrénées françaises à 30 dollars le kilo. »
Créer des emplois ?
En échange des facilités à l'exportation pour ces fromages, l'Europe accueille désormais le boeuf et le porc canadien. Cette entente commerciale va permettre de créer 80 000 emplois et de générer douze milliards de dollars de revenus, selon le gouvernement du Canada, dans des domaines comme les services financiers ou l'industrie pharmaceutique. Les producteurs laitiers québécois, ont eux, l'impression d'être les dindons de la farce.