Etats-Unis: le dialogue de sourds sur le budget

Le blocage budgétaire, qui dure maintenant depuis plus d'une semaine, se poursuit aux Etats-Unis. Et ses conséquences se ressentent sur la bonne marche de l'administration fédérale, avec des services publics fermés pour la plupart depuis 9 jours. Mais désormais, une nouvelle échéance se profile, celle du 17 octobre. Dans huit jours, ce sera la date limite pour le relèvement du plafond de la dette américaine. Barack Obama s’en inquiète. Le président américain renouvelle son appel aux républicains pour voter le budget 2014. Mais un dialogue de sourds s'est instauré.

Avec notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomacio

Barack Obama a décroché son téléphone pour appeler John Boehner mardi. Les deux hommes se sont enfin entretenus en privé, avant de prendre la parole, tour à tour, devant de nombreux journalistes qui, à Washington, attendaient le résultat de cet entretien.

Le président a en fait répété le message souvent délivré ces derniers jours : « Si des républicains raisonnables veulent parler de tout cela, je serais heureux d’aller au Capitole et d’essayer. Mais je ne le ferais pas si les plus extrémistes des républicains continuent d’obliger John Boehner à proférer des menaces sur notre économie. L’extorsion ne peut pas devenir une routine dans notre démocratie. »

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Barack Obama singularise John Boehner. Le président de la Chambre est otage des extrémistes de son parti, et, petite ouverture, il est prêt à discuter un budget à la hauteur des exigences républicaines.

Réponse de John Boehner, une heure plus tard : « J’ai été déçu de voir que le président refuse de négocier. A propos de la dette, il doit y avoir une négociation. Nous ne pouvons pas relever le plafond de la dette sans faire quelque chose pour corriger ce qui nous conduit à emprunter plus, et à vivre au-dessus de nos moyens. »

Retour à la case départ donc. C’est bel et bien un dialogue de sourds entre les adversaires politiques démocrates et républicains. A une semaine de l’échéance sur le relèvement du plafond de la dette, les marchés boursiers sont nerveux.

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Obama devrait-il invoquer le 14eme amendement?

Pour l'instant la Maison Blanche se borne à répéter que seuls les élus du Congrès peuvent trouver une issue à l'impasse dans laquelle ils se sont engagés.Mais de plus en plus de spécialistes estiment désormais que la Constitution américaine laisse à Barack Obama suffisamment d'espace d'interprétation pour agir.

A la base de ce débat public , le 14ème amendement de la Constitution qui stipule : « La validité de la dette publique des États-Unis, autorisée par la loi, ne sera pas mise en question ».

Si aucun compromis pour un relèvement du plafond de la dette n'est trouvé, Barack Obama pourrait, selon certains spécialistes, évoquer cet amendement et accuser les républicains d'agir à l'encontre de la Constitution.

Une fois ce constat fait, le président américain pourrait ensuite user des pouvoirs exceptionnels que lui octroie le texte fondateur afin de défendre la nation en cas d'urgence.

Mais même si cette option enflamme en ce moment le débat public aux Etats-Unis, il semble très peu probable que Barack Obama y ait recours.

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