Avec notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio
Une rencontre entre Barack Obama et les leaders politiques américains était une revendication exprimée avec amertume par les républicains depuis quelques jours. Certains ont même reproché au président d’accepter de discuter avec le Russe Vladimir Poutine, et même avec l’Iranien Hassan Rohani, alors qu’il refusait de les rencontrer, eux.
M. Obama s’implique donc désormais directement. Les chefs de file républicains et démocrates doivent être reçus à la Maison Blanche ce mercredi soir. Mais tout en organisant cette réunion, Barack Obama a fixé la limite de son ouverture au dialogue : pas de remise en cause de la loi sur la couverture sociale, et refus absolu d’un « chantage », selon ses propres termes, sur la loi de finances ou le relèvement du plafond de la dette.
Sur la chaîne de télévision CNBC, Barack Obama a même adopté un ton inhabituel pour exprimer son sentiment face au blocage. « Au cours de ma présidence, a-t-il dit, je me suis plié en quatre pour travailler avec le Parti républicain, et j’ai vraiment mesuré mes propos. Tout le monde sait que je suis calme. Quelquefois, les gens disent que je suis trop calme. Suis-je exaspéré ? Bien sûr que je suis exaspéré ! Car tout ceci est totalement inutile. »
Et d'enfoncer le clou : « Nous sommes dans la situation où si John Boehner, le président de la Chambre, introduit un texte pour rouvrir les services publics au niveau de financement actuel - afin que nous puissions négocier sur un budget qui nous permet de ne pas gérer une crise après l'autre -, il passera ! La seule chose qui l’en empêche, c'est qu’il ne veut pas dire "non" à une faction du Parti républicain, qui veut mettre le feu parce qu’ils sont obsédés par ma loi sur la couverture sociale ! »
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Les leaders républicains et démocrates ont accepté la rencontre de ce mercredi du bout des lèvres. Les républicains l'ont fait sur le mode « si le président avait fait ce geste plus tôt, nous n’en serions pas là ». Et les démocrates rappellent que dès le mois d’avril dernier, une proposition de négociation avec leurs adversaires politiques avait essuyé une fin de non-recevoir.
Ce rendez-vous à la Maison Blanche est une rencontre. Mais est-ce pour autant un réel début de déblocage ? Il est trop tôt pour le dire. Barack Obama annonce la couleur :
« Mon message aux leaders politiques est très simple. Tant que nous n’avons pas une loi qui, sans condition, rouvre les services publics ; tant que ce ne sera pas le cas ; tant que nous ne serons pas sûrs que le Congrès autorise le Trésor à payer les factures engagées par le Congrès lui-même, nous n’engagerons pas une négociation sérieuse. »
« Si nous prenons l’habitude qu’un petit groupe, l’aile extrémiste d’un parti, qu’il soit démocrate ou républicains, s’autorise à extorquer des concessions basées sur une menace, qui met en danger la crédibilité des Etats-Unis, tout président des Etats-Unis, pas seulement moi, sera dans l’impossibilité réelle de gouverner. Je ne laisserai pas cela se produire. »
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