Etats-Unis : incertitude sur le vote du budget 2014

C’est ce lundi 30 septembre à minuit que prend fin l’année budgétaire aux Etats-Unis. Le Congrès n’a que quelques heures pour s’accorder sur une loi de finances. La même au Sénat et à la Chambre des représentants. Sinon tous les fonctionnaires non essentiels de l’Etat fédéral seront mis au chômage technique. Cela représente 800 000 personnes. Sauf coup de théâtre, c’est ce qui arrivera, car la Chambre qui est dominée par les républicains a adopté un texte reportant la mise en place de la réforme de la santé. Et que le Sénat démocrate a déjà fait savoir qu’il serait rejeté.

Avec notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio

Peu nombreux sont ceux qui croient encore à un accord de dernière minute entre républicains et démocrates. Le Sénat a choisi de ne pas siéger dimanche, il ne se réunira qu’à 18h TU ce lundi 30 septembre. Le compte à rebours est enclenché. Les fonctionnaires américains se préparent à un chômage technique qui a duré près de trois semaines l'année dernière.

Positionnements stratégiques

En réalité, le budget n’est qu’un prétexte. Barak Obama a été réélu confortablement voilà un an, mais il gouverne en cohabitation avec une Chambre des représentants acquise à l’opposition républicaine, même si la majorité est démocrate au Sénat. Le but, pour la chambre, est donc de gêner, autant que faire se peut, le président démocrate, d’affaiblir son second mandat.

Par ailleurs, les plus extrémistes des républicains, les ultras-libéraux des Tea parties, prennent position pour les élections de mi-mandat l’an prochain. Ils sont minoritaires, mais font peur à la vieille garde de leur formation, plus modérée. Et les barons du Parti républicain craignent, lors des primaires dans leur Etat, d’être opposés à un jeune loup des Tea parties. D’où la surenchère à droite à la Chambre des représentants.

Quoi qu'il en soit, on est bien loin de la loi de finance.

La loi de santé en toile de fond

L’épreuve de force se concentre en fait sur un rejet de la loi sur la santé. Or, l’Amérique est le seul pays industrialisé dans lequel la couverture sociale n’est pas un droit. 47 millions de personnes n’ont pas de couverture sociale.

Cette loi oblige tous les Américains à prendre une assurance sociale - mais surtout, elle oblige les assureurs à accepter les inscriptions, et elle les a mis en compétition pour rendre les tarifs abordables.

Car aujourd’hui, les assurances ne se privent pas pour refuser les malades : c’est paradoxal mais si vous êtes souffrant, vous serez rejeté. Si vous diabétique par exemple, vous ne pouvez pas vous assurer ; si votre enfant est asthmatique, il ne sera pas accepté car cela coûte trop cher. Il arrive donc qu’une personne meure d’une maladie curable, car elle n’a pas les moyens de financer le traitement.

L’objectif est de changer cela, mais dans un pays individualiste à l’extrême, c’est une révolution que certains n’acceptent pas.

Pression des Tea parties

Les démocrates et le président Obama ont prévenu : la réforme de la santé n’est pas négociable. On voit mal, en effet, Barack Obama, très confortablement réélu l’an dernier, abandonner cette réforme emblématique.

Il usera, en dernier recours, de son droit de veto pour sauver cette loi, votée il y a trois ans, et jugée constitutionnelle. Le combat semble perdu d’avance pour le Parti républicain qui se déchire d’ailleurs sur cette question.

Le vote du budget des Etats-Unis n’est en réalité qu’un moyen de pression et les modérés auraient préféré trouver un compromis. Mais pour les élus des Tea parties, il n’en est pas question. Leur minorité de blocage permet à ces ultras-libéraux d’imposer cette épreuve de force qui d’après le dernier sondage satisfait seulement 10% des Américains, alors que 87% des personnes interrogées expriment leur frustration.

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