Etats-Unis: après le vote de la Chambre, l'Etat paralysé?

La Chambre des représentants, dominée par les républicains, a voté, samedi 28 septembre, un projet de loi qui, tout en finançant le gouvernement fédéral, est assorti d’une condition concernant la loi sur la santé totalement inacceptable aux démocrates et au président Obama. Ce texte retarde d’un an la pleine application de la réforme du système de santé et annule une nouvelle taxe sur les équipements médicaux.  De son côté, le Sénat n'acceptera pas la remise en cause de « l'Obamacare », qui élargit l'assurance-maladie aux plus démunis. L'Etat américain risque la paralysie, faute de financement.

Avec notre correspondant à Washington, Jean-Louis Pourtet

C’est tard dans la nuit que la Chambre, après un débat tendu entre démocrates et républicains, a approuvé un projet de loi qui permet au gouvernement de fonctionner jusqu’au 15 décembre, soit un mois de plus que le projet du Sénat adopté vendredi 27 septembre et que les représentants ont rejeté.

Mais le texte de la Chambre retarde d’un an la pleine application de la réforme du système de santé et annule une nouvelle taxe sur les équipements médicaux. Il garantit toutefois aux militaires de recevoir leur solde si les agences fédérales ferment leurs portes, mardi 1er octobre.

Projet de loi mort-né

Ce projet de loi est mort-né étant donné que les démocrates du Sénat ont déjà dit qu’ils n’avaliseraient aucune proposition qui couperait les crédits de la loi sur la santé ou en reporterait la mise en vigueur. Le président Obama -qui a joué au golf une bonne partie de la journée- a fait savoir que si jamais une telle loi arrivait sur son bureau, cas très improbable du fait qu’elle sera rejetée par le Sénat, il y opposerait son veto.

En adoptant une loi tout en sachant pertinemment qu’elle ne passera jamais le cap du Sénat, les républicains de la Chambre défient Barack Obama et rendent maintenant la fermeture de l’Etat fédéral pratiquement inévitable.

Si le blocage persiste, des centaines de milliers de fonctionnaires pourraient être mis en congés sans solde. De nombreux services publics, comme les parcs et les musées, resteront fermés.


La fermeté d'Obama sur la réforme du système de santé

Le président américain dénonce « l'intransigeance » des républicains. Le parti républicain exige notamment que le financement de la loi sur l'assurance-maladie disparaisse du budget 2014. Ce que refuse Barack Obama. 

C'est la réforme emblématique de son premier mandat. Elle avait été votée en 2010 puis validée par la Cour suprême en 2012 et cela explique la fermeté du président ces derniers jours.

Il est intervenu personnellement dans le débat. Barack Obama a appelé vendredi dernier le camp républicain de la Chambre des représentants à cesser de « faire l'intéressant pour permettre l'adoption d'un texte évitant la fermeture prochaine de nombreuses administrations fédérales.» « Ne fermez pas l'Etat, ne fermez pas l'économie, votez le budget à temps, payez nos factures à temps », a lancé le président américain.

Plusieurs élus républicains s'inquiètent de ce bras de fer avec le président. Ainsi, pour John McCain, sénateur de l'Arizona, le combat contre la réforme sur l'assurance-maladie a déjà été mené et a été perdu aux dernières élections. Il ne souhaite pas que son parti soit tenu pour responsable du blocage de l'Etat faute de vote du budget.

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