Syrie, RCA, Iran: François Hollande devant l'Assemblée générale de l'ONU

Le président français a pris la parole, ce mardi 24 septembre à New York, devant l’Assemblée générale des Nations unies réunie en séance plénière. Blocages sur la Syrie, dossier nucléaire iranien, situation en Centrafrique… François Hollande a parlé de tous les sujets qui fâchent avant un entretien avec le président iranien Hassan Rohani. Une rencontre « franche, directe et ferme» selon les termes du président français.

La France le réaffirme devant la communauté internationale : elle souhaite que le Conseil de sécurité de l’ONU vote une résolution comprenant des « mesures coercitives » (chapitre VII de la charte des Nations unies) pour s’assurer que Damas renonce réellement à son arsenal chimique.

« C'est d'ailleurs ce que l'accord de Genève qui a été signé entre les Russes et les Américains prévoit », a fait valoir le président Hollande à la tribune. Une résolution sans référence au chapitre VII « priverait de toute capacité, de toute crédibilité l'action des Nations unies », a-t-il ensuite ajouté en conférence de presse.

Renoncer « collectivement » au droit de veto

« En Syrie, il y a urgence », considère M. Hollande. « Trop de temps a été perdu », et il convient désormais de « faire cesser cette guerre qui est la plus meurtrière depuis le début de ce siècle ». Au sujet des massacres chimiques, il exige à nouveau que « ceux qui ont commis ces crimes soient tenus responsables devant la justice ».

Et de proposer que les membres permanents du Conseil de sécurité renoncent « collectivement » à leur droit de veto dans certains cas, notamment pour faire face aux crimes de masse. Une façon pour le président français de pointer l’impuissance des Nations Unies depuis le début de la crise syrienne, pointe l'une de envoyés spéciaux à New york, Florent Guignard. Une impuissance historique et effrayante à ses yeux

« Rétablir la paix civile » en Syrie

Concernant la tenue d’une éventuelle conférence dite « Genève II » sur la Syrie, le président français y voit l’occasion non pas de « parler », mais de « décider ». Objectif : installer « un gouvernement de transition doté de tous les pouvoirs exécutifs et dont la mission pourrait être de rétablir la paix civile, de protéger toutes les communautés et d'organiser, le moment venu, des élections ». « Tous les pays qui acceptent cet objectif » seront les « bienvenus », précise-t-il. Il parlait de l’Iran, allié de Damas.

Devant la presse, il a d’ailleurs précisé son propos : « A l'Iran de comprendre qu'il doit y avoir une transition politique en Syrie. Si l'Iran veut participer à Genève II, alors ça peut être dans l'objectif de mettre en place ce gouvernement provisoire. »

La rencontre avec son homologue iranien Hassan Rohani

La France travaille aussi à une solution politique en Syrie et c’est notamment dans cet esprit que François Hollande a accepté de rencontrer le nouveau président iranien, explique notre envoyé spécial à New York Florent Guignard.

Le président français en est désormais convaincu, la solution politique passe par Téhéran. Mais y a encore du chemin parce que Hassan Rohani tient le même discours que la Russie. Le président iranien l’a dit à François Hollande : il considère que face à Bachar el-Assad, il n’y a que des terroristes et il ne peut donc y avoir de gouvernement de transition.

Mais le chef de l’Etat français est persuadé que les Iraniens ont envie de revenir dans le jeu. Après les signes d’ouverture du nouveau président iranien, la France attend des actes, en particulier sur le nucléaire. François Hollande avait demandé devant l'Assemblée générale que l'Iran «renonce à son programme nucléaire militaire même s'il a le droit à un programme civil ». A Hassan Rohani, il a demandé «des résultats rapides» et de la transparence.

Voilà donc pour l’essentiel d’une rencontre qui a duré trois quarts d’heure, une rencontre «franche, directe et ferme», pour reprendre les termes de François Hollande qui sait aussi très bien parler la langue diplomatique.

En RCA, « le chaos s'est installé »

Il était un troisième sujet que le président français se devait d’aborder devant l’ONU : la Centrafrique. François Hollande a lancé un « cri d'alarme » sur la situation dans ce pays d’Afrique. Il souhaite que la communauté internationale apporte son « soutien logistique et financier » à la Misca, la force panafricaine présente en RCA.

« Nous devons mettre un terme aux exactions, qui prennent également des formes confessionnelles (…) Le chaos s'est installé et les populations civiles en sont les premières victimes », a déclaré M. Hollande.


■ LE MALI CITÉ EN EXEMPLE

Dans son discours, François Hollande a beaucoup parlé de l'Afrique. Il a évoqué le terrorisme qui a frappé le Kenya récemment, et salué le processus démocratique au Mali, qui a vu l'élection d'Ibrahim Boubakar Keïta à la présidence de la République.

« Le Moyen-Orient n'est pas la seule région qui nous préoccupe. L'Afrique est la proie au terrorisme. Et l'attaque barbare de Nairobi nous le confirme, une fois encore, et tragiquement.

Des victoires sont possibles contre le terrorisme. Ainsi au Mali, avec un mandat clair du Conseil de sécurité, les forces africaines, françaises, avec l'appui des Européens, sont intervenues à l'appel des autorités de Bamako et ont réussi à mettre un terme à une offensive de grande envergure.

Et aujourd'hui les résultats sont là : le Mali a retrouvé l'intégrité de son territoire, a assuré la sécurité de la population et a même pu organiser à la date prévue une élection présidentielle qui a été reconnue comme incontestable. »

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