La présidente brésilienne Dilma Roussef a reporté son voyage aux Etats-Unis prévu pour le mois prochain. En cause, selon le New York Times, cette affaire d’espionnage qui a provoqué un tollé au Brésil. Les services secrets américains avaient, entre autres, intercepté les communications téléphoniques de Dilma Roussef.
« La décision du Brésil marquera les relations diplomatiques entre les deux pays », écrit le New York Times. « Les efforts employés par les Etats-Unis pour reconnaître le rôle croissant de ce géant de l’Amérique latine risquent d’être anéantis », continue le journal. « Sans parler que cet incident pourrait nuire aux échanges économiques et favoriser la Chine qui a déjà remplacé les Etats-Unis comme premier partenaire commercial du Brésil ».
Mais que pense la presse brésilienne des tensions entre les deux pays ? Les avis sont partagés. Certains spécialistes interviewés par O Globo soutiennent la décision de Dilma Roussef de reporter sa visite. « C’était une mesure adéquate, estime par exemple Alcides Costa Vaz, chercheur en relations internationales à l’Université de Brasilia, et puis il faut rappeler qu’elle n’a pas annulé sa visite, elle se rendra bien aux Etats-Unis mais à un moment ultérieur ».
Pour un autre politologue, Rafael Villa, la présidente brésilienne, en reportant son voyage, a envoyé un message très clair au président Barack Obama, à savoir que le Brésil ne tolère pas la politique américaine d’espionnage. « Si on n’avait rien fait, cela aurait eu un impact démoralisateur sur nos diplomates. Il a fallu montrer que le chien ne sait pas seulement aboyer, mais qu’il peut aussi mordre ».
D’autres experts ne partagent pas ce point de vue. « La décision de Dilma Roussef est idéologique et inefficace », estime l’ancien ambassadeur brésilien José Botafogo Gonçalves, qui s’exprime également dans les colonnes d’O Globo. « La présidente a raison de demander des explications aux Américains, mais pour que cela soit efficace, il faut qu’elle laisse la gestion de ce dossier au ministère des Affaires étrangères, il faut qu’elle aborde le sujet dans les instances internationales et il faut surtout qu’elle en parle personnellement avec le président Barack Obama durant sa visite aux Etats-Unis». Des propos confirmés par cet autre professeur Joao Pontes Nogueira : « En diplomatie, le meilleur chemin à emprunter, c’est toujours le dialogue ».
Autre sujet à la Une dans la presse latino-américaine, ce sont les inondations au Mexique. Deux tiers du pays sont touchés, selon le journal El Sol de Mexico. La Reforma parle de cyclones d’une ampleur historique. Environ 200 000 personnes ont besoin d’aide. « Al resgate », « au secours », c’est justement le titre du journal La Prensa, qui montre en Une la photo d’une jeune femme marchant dans la boue et transportant un carton de vivres.
L’attention se concentre actuellement sur la ville d’Acapulco. Plus de la moitié de cette station balnéaire se trouve encore sous les eaux. L’électricité ne marche pas, les habitants manquent d’eau potable et de nourriture. L’essence est rationnée. Du coup, le président mexicain Enrique Pena Nieto s’est rendu sur place pour se faire une idée des dégâts causés par l’ouragan Ingrid et la tempête tropicale Manuel. Il a été accueilli par des sinistrés en colère : « Quand est-ce que nous allons recevoir de l’aide ? », lui a lancé l’un d’entre eux, selon le journal Reforma. Pour les apaiser, le président a annoncé que chaque cas sera examiné individuellement. Il a promis une aide d’urgence de 6 millions de pesos et la construction de maisons pour abriter des sinistrés.
Depuis vendredi dernier, les pluies n’ont pas cessé, certains hôtels à Acapulco offrent des chambres gratuitement pour les personnes ne pouvant plus retourner chez elles, nous apprend La Reforma. Les autorités demandent aussi aux hôtels de continuer à héberger gratuitement les touristes qui ne peuvent pas encore partir. Ils sont quelque 40 000 à être bloqués à Acapulco dont les principales routes et l’aéroport restent fermés.
Aux Etats-Unis, la suite de l’enquête sur l’auteur de la fusillade de Washington
Comment Aaron Alexis a pu obtenir un laissez-passer pour entrer dans le bâtiment de l'US Navy alors qu’il a été arrêté de nombreuses fois pour avoir commis des actes violents ? « Le système de vérification a tout simplement failli », écrit le Washington Post. Le président Barack Obama a demandé à revoir le dispositif de sécurité pour les sous-traitants travaillant pour le compte du gouvernement. »
On termine cette revue de presse sur une note musicale. Bruce Springsteen, le chanteur américain, vient d’achever sa tournée latino-américaine. En concert à Buenos Aires le week-end dernier, il devait interpréter une chanson en espagnol « Solo le pido a Dios », que la chanteuse argentine Mercedes Sosa lui a apprise. Il a renoncé à la chanter mais a promis de l’enregistrer plus tard. La promesse a été tenue car depuis ce mardi on peut écouter, sur son site, une belle version bilingue de ce morceau de Léon Gieco, interdit sous la dictature argentine.