Avec notre correspondante à Santiago du Chili, Laurie Fachaux
«Il est impossible d’éluder notre responsabilité historique par rapport à la violation des droits de l’homme». C’est la première fois en quarante ans que des magistrats reconnaissent les erreurs de la justice chilienne, et surtout de la Cour Suprême qui n’a pas su «protéger les citoyens».
Ces excuses viennent juste après d’autres mea culpa, politiques cette fois. Le premier à s’être jeté à l’eau, c’est Hernan Larraín, un sénateur de droite, qui a demandé pardon pour «ne pas avoir participé à la réconciliation nationale». Puis le président de centre-droit, Sebastian Piñera, a créé la surprise samedi dernier en affirmant que des complices passifs pendant les 17 ans de dictature « savaient et n’ont rien fait ou n’ont pas voulu savoir ». Face à ces déclarations, le malaise de la candidate de droite à l’élection présidentielle, qui a lieu dans deux mois. Evelyn Matthei avait voté « oui » au plébiscite pour Pinochet en 1988.
Aujourd’hui, 1 400 procès pour violations des droits de l’Homme sont encore en cours, tandis que des milliers d’autres cas ne sont pas traités par la justice. Au moins 3 200 personnes sont mortes pendant les 17 ans de dictature militaire au Chili. Alors, plus que jamais, à 40 ans du coup d’Etat, ni oubli ni pardon, une grande partie du peuple chilien réclame justice.