Avec notre correspondante à Santiago du Chili, Laurie Fachaux
« Il y a eu beaucoup de complices passifs qui savaient et n’ont rien fait ou n’ont pas voulu savoir. » Sebastian Piñera est le premier président de droite depuis le retour de la démocratie. Il est aussi le premier à reconnaître les erreurs de la dictature et de la droite chilienne, mais pas seulement. Le président a aussi pointé du doigt la soumission des juges et des journalistes « qui n’écrivaient pas ce qui correspondait à la vérité ». Officiellement, pendant la dictature, au moins 3 227 personnes ont été tuées ou portées disparues, 38 254 torturées et plusieurs dizaines de milliers forcées à l'exil.
Un ancien partisan de Pinochet
Les déclarations du président mettent mal à l’aise la candidate de droite à la présidentielle, Evelyn Matthei, à deux mois et demi du scrutin. Evelyn Matthei milite au sein de l'Union démocrate indépendante (UDI), fondée par des partisans de Pinochet en 1989, un an avant qu’il ne quitte le pouvoir. Son père, général, a fait partie de la junte militaire. En 1988, Evelyn Matthei avait voté « oui » au plébiscite pour Pinochet.
La candidate a déclaré ce samedi avoir toujours défendu les droits humains. Une manière d’apaiser une forte polémique déclenchée cette semaine, alors qu'Evelyn Matthei avait déclaré : « Je n’ai à demander pardon pour rien du tout. J’avais 20 ans au moment du coup d’État. »
La commémoration du 11 septembre 1973 s’avère donc un exercice d’équilibre périlleux pour le pouvoir exécutif et sa candidate à la présidentielle.