Avec notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio
D’après un sondage du Centre de recherche sur la presse 48% des Américains seulement sont favorables à cette intervention en Syrie. Et 46%, deux points de moins, selon une étude publiée par le Washington Post. Un sondage dans lequel on apprend par ailleurs que 70% des personnes interrogées sont contre l’envoi d’armes aux rebelles syriens. Ces sondages sont toutefois à prendre avec précaution car ils ont été réalisés lundi soit avant l’audition de John Kerry et Chuck Hagel par le Sénat.
Audition convaincante de John Kerry
Le secrétaire d'Etat américain est revenu sur les preuves détenues par les services de renseignements américains. « Nous ne pouvons rester spectateurs de ces massacres » a-t-il déclaré au cours de cette audition. John Kerry s’adressait sans doute autant à l’opinion publique américaine qu’aux sénateurs.
S'il n'a pas convaincu, John Kerry a certainement gagné des points, des votes donc, avant la consultation du Congrès la semaine prochaine, et tous les commentateurs reconnaissent que John Kerry a été excellent, pendant cette audition qui a duré près de 4 heures.
Le secrétaire d’Etat a joué sur plusieurs registres. La fibre humanitaire tout d'abord. «Nous ne pouvons fermer les yeux sur des massacres, nous sommes tous responsables, l’Amérique ne peut continuer à vivre dans le confort de l’isolationnisme » a-t-il déclaré. L’image des Etats-Unis ensuite : « le monde nous regarde, nos alliés attendent que nous soyons un digne chef de file, et pire : nos ennemis observent le comportement de notre démocratie... Je ne sais pas si Barak Obama prendra la décision d’intervenir en cas de vote négatif, a expliqué John Kerry, mais je sais que Téhéran et Pyong Yang applaudiront avec Damas ».
Pas de soldat américain en Syrie
John Kerry a également fait face à de nombreuses questions des sénateurs sur l’ampleur de l’opération prévue. Les sénateurs attendaient manifestement une nouvelle confirmation que les troupes américaines ne seraient pas envoyées en Syrie.
La question a en effet été posée à quatre reprises, et à quatre reprises John Kerry a confirmé qu’« aucun soldat américain ne foulera le sol syrien ». Les sénateurs sont revenus sur la campagne irakienne, les promesses non tenues, l’angoisse d’un nouveau piège qui risque de se refermer sur les Etats-Unis.
John Kerry a repris le parallèle expliquant que l’administration Bush était partie en Irak en 2003, à la recherche d’armes de destruction massives qui n’existaient pas, alors que dans le cas syrien, la preuve est faite, et il est donc indispensable de montrer à Bachar el-Assad que l’utilisation d’armes chimiques contre des civils ne restera pas impunie.
On sent une forte pression des membres du Congrès, qui manifestement savent qu’ils ne pourront faire accepter une nouvelle guerre aux Américains.