WikiLeaks: Bradley Manning veut changer de sexe en prison et prend le nom de Chelsea

Au lendemain de sa condamnation, mercredi 21 août, à 35 ans de prison pour avoir divulgué des centaines de milliers de documents confidentiels au site WikiLeaks, Bradley Manning a fait savoir ce jeudi qu'il espérait être gracié par le président Barack Obama. Par le biais d'un communiqué, lu lors d'une émission à la télévision américaine, le jeune soldat a en plus rendu public son souhait de changer de sexe.

Avec notre correspondant à Washington, Jean-Louis Pourtet

C'est une présentatrice de la chaîne NBC News qui se fait le porte-voix de Bradley Manning. En plein prime time, elle lit un communiqué écrit par le jeune soldat : « Alors que j'entre dans une nouvelle phase de ma vie, je veux que tout le monde sache qui je suis vraiment. Je suis Chelsea Manning, je suis une femme. Etant donné la manière dont je me sens depuis mon enfance, je veux commencer un traitement hormonal dès que possible. A partir d'aujourd'hui, je souhaite que l'on m'appelle par mon nouveau prénom et qu'on utilise, en me concernant, le pronom féminin. »

Egalement sur le plateau de NBC, l'avocat de Manning, David Coombs. Il explique pourquoi cette annonce intervient au lendemain de l'énoncé de la sentence. « Chelsea ne voulait pas que ce sujet trouble les débats. Elle a attendu la fin du procès pour faire ce pas vers une nouvelle phase de sa vie. »

L'armée ne fournit pas de traitement hormonal

Les troubles d'identité sexuelle du jeune soldat avaient déjà été évoqués lors de son procès. Mais le traitement hormonal, auquel Manning souhaite se soumettre, va poser problème en prison. « Concernant la thérapie, j'espère que Fort Leavenworth va faire le nécessaire pour lui fournir ce traitement. Si tel n'est pas le cas, je vais faire tout mon possible pour m'assurer qu'ils y seront obligés », a ajouté l’avocat.

De son côté, la prison militaire a fait savoir que l'armée ne fournissait pas de traitement hormonal.

Combat d'arrière-garde

Bien qu’il y ait un certain nombre de transgenres dans l’armée, ils sont contraints de vivre leur situation dans le secret. Si les militaires gays et lesbiennes n’ont plus maintenant à cacher leur orientation sexuelle, tel n’est pas le cas de ceux qui souffrent de troubles d’identité sexuelle. Pour nombre d’associations de défense des droits des libertés, le Pentagone mène un combat d’arrière-garde.

Pour Mara Kesling, directrice du centre national pour l’égalité des transgenres, la dysphorie du genre est une maladie qui doit être traitée comme les autres. L’armée ne peut refuser à un prisonnier un traitement légitime, recommandé par un médecin : « Le soldat Manning est un transgenre et a une identié sexuelle féminine quoi qu’en pense l’armée et quoi qu’elle décide de faire ou de ne pas faire ».

Pour l’Union de défense des libertés, l’ACLU, ne pas accéder au désir de Chelsea serait violer la Constitution qui garantit aux prisonniers des soins adéquats. De plus en plus fréquemment, les tribunaux civils imposent aux prisons de répondre aux besoins des transsexuels, y compris en payant pour une opération de changement de sexe.

A la sortie du tribunal mercredi, les libertaires criaient : « Bradley, tu es notre héros ». Les transgenres ont maintenant en Chelsea, leur héroïne.
 

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