La peine sera à la hauteur de l’infraction, selon les autorités de Panama. Pour les infractions « très sérieuses », l’amende maximale peut atteindre un million de dollars. Or « l’affaire du Chong Chon Gang est très sérieuse. C’est une violation flagrante des règles de sécurité et nous avons peu de tolérance pour ce genre de pratiques », a déclaré l’administrateur du canal Jorge Quijano.
Tout chargement militaire doit être déclaré aux autorités du canal, par lequel transite 5% du fret maritime mondial. Le montant précis de l’amende ne sera pas connu avant plusieurs jours. Quant aux 35 marins nord-coréens présent à bord lors de l’arraisonnement, ils ont été incarcérés et risquent jusqu’à 12 ans de prison.
Les inspecteurs montés à bord du cargo le 10 juillet recherchaient à l’origine un chargement de stupéfiants. Ils ont découvert, dissimulés sous 10 000 tonnes de sucre, des missiles sol-air, deux avions de type MiG-21 et neuf fusées en pièces détachées. Au total : 240 tonnes de matériel militaire vétuste chargé à Cuba et faisant route pour la Corée du Nord.
Selon La Havane, qui a reconnu être le propriétaire des armes, ces dernières devaient être réparées par les Nord-Coréens avant de revenir sur l’île. L’équipement militaire de Cuba, largement obsolète, date pour l’essentiel de la période soviétique. L’URSS ne fournissait plus d’appui militaire à Fidel Castro depuis la fin des années 1980.
Pour les experts, l’affaire du Chong Chon Gang est surtout la partie émergée d’un système de trafics illicites dont on ne connaît pas précisément l’ampleur. Étranglée par un embargo sévère, la Corée du Nord a besoin de devises et de nourriture. Elle échange donc son savoir-faire militaire contre ce qui lui manque, avec des pays pauvres ou isolés sur la scène internationale, comme la Birmanie, le Yémen ou l’Érythrée.
La communauté internationale surveille de près les activités de Pyongyang en matière de nucléaire, mais la grande majorité des trafics concerne l’armement conventionnel.
Saisie par le Panama, l’ONU a envoyé une mission d’inspection de la cargaison arraisonnée. Les six inspecteurs, arrivés mardi 13 août, ont terminé leur travail jeudi. Ils doivent à présent remettre leur rapport au Comité des sanctions de l’ONU qui déterminera si l’affaire constitue une violation des sanctions internationales. Le Conseil de sécurité jugera ensuite des suites qu’il convient de donner à l’affaire.