Avec notre correspondante à Port-au-Prince, Amélie Baron
Pour les parlementaires, il est évident que le chef de l'Etat et ses ministres ont exercé des pressions illégales sur le juge d'instruction Jean-Serge Joseph. Le magistrat était en charge du délicat dossier d'enquête sur des possibles corruptions au sein de la famille présidentielle.
Depuis près d'un an, la première dame Sophia Martelly et le fils aîné du président Olivier Martelly sont accusés par des opposants au régime de détournements d'argent public. Le pouvoir exécutif aurait, selon le rapport des sénateurs, exigé du juge qu'il enterre cette affaire nuisant à la réputation du président de la République et de sa famille.
Réunion privée
Selon les témoignages recueillis par les parlementaires, et contrairement aux déclarations des autorités, le juge aurait bien été amené à une réunion privée avec - notamment - le président, le Premier ministre et le ministre de la Justice, moins de 48 heures avant le décès du magistrat.
Parce qu'ils auraient menti, parce qu'ils auraient voulu manipuler le travail d'un juge d'instruction, le chef du gouvernement Laurent lamothe et le ministre de la Justice Jean Renel Sanon doivent démissionner. Et les sénateurs, dans leurs conclusions, accusent Michel Martelly de « crime de haute trahison », un crime qui selon la Constitution est puni de la peine de travaux forcés à perpétuité.