Avec notre correspondante à Auckland, Daphné Gastaldi
C’est à Kaboul, en 2012, que le reporter néo-zélandais Jon Stephenson* aurait été mis sur écoute, avec la complicité des Américains en poste à Bagram. Une « violation de la liberté de la presse », d’après le reporter de guerre dont les sujets ont souvent dérangé l’armée néo-zélandaise.
Ce scoop vient d’être révélé par un autre journaliste, qui travaillait sur cette affaire depuis des mois et s’attendait à ce que l’armée nie tout en bloc. Ce qui n’a pas raté. Quant à John Key, le chef du gouvernement néo-zélandais, il a assuré ne pas être au courant et veut des preuves. D’après lui, Jon Stephenson aurait pu être espionné par les Américains s’il était en contact avec des talibans recherchés. Des arguments qui n’ont pas convaincu en Nouvelle-Zélande.
Les services de renseignements américains interpellés
De l’autre côté du Pacifique, le groupe de presse McClatchy, l’employeur du reporter de guerre, attend des explications du patron du renseignement américain. La Nouvelle-Zélande et les Etats-Unis font partie des « Cinq yeux », une alliance entre la Nouvelle-Zélande, les Etats-Unis, l’Angleterre, l’Australie et le Canada d’écoute internationale, connue depuis l’affaire Edward Snowden.
Ce dernier scandale d’écoutes illégales tombe au plus mal pour le Premier ministre John Key, alors qu’un projet de loi doit être voté pour étendre les pouvoirs des services secrets.
* Jon Stephenson a notamment été lauréat du prix Bayeux des correspondants de guerre, en 2011, pour son reportage "Eyes Wide Shut", réalisé en Afghanistan.