Avec notre correspondant à Quito, Eric Samson
Le projet de loi, approuvé mercredi 31 juillet par l’Assemblée nationale, par une courte majorité de 50 voix sur 96 députés présents, a été voté au nom de la défense des quelque 180000 Uruguayens consommateurs réguliers de marijuana. Pour ses partisans, il s’agit de réguler un marché qui existe déjà pour éloigner les jeunes des dangers des points de vente de drogue, connus ici comme les « bocas de humo » (les bouches à fumée).
40 grammes de cannabis par mois
Le gouvernement du président Mujica souhaite que l’Etat assume le monopole de la production et de la distribution de marijuana. Quelques agriculteurs recevront le droit d’en cultiver sous contrôle. Pour les quelque 5% de la population qui fument du cannabis, il suffira de planter l’équivalent de vingt terrains de football. Chaque foyer qui le souhaite aura également le droit de cultiver un maximum de six plants. Des clubs de 15 à 45 membres pourront également en produire collectivement.
Chaque consommateur aura droit à 40 grammes de cannabis par mois, qu’il pourra acheter dans un réseau de pharmacies d’Etat. Il devra s’enregistrer, même si son identité sera protégée. L’usage médicinal du cannabis sera également autorisé.
Interdiction maintenue pour les mineurs et les touristes étrangers
En revanche, tout comme pour la cigarette, fumer un joint dans des espaces publics fermés sera interdit. Il n’y aura pas de publicité. Et les mineurs et les touristes étrangers ne seront pas autorisés à profiter du système.
Le gouvernement du président Mujica insiste cependant sur le fait que la lutte antidrogue continuera. Mercredi 31 juillet, jour du vote de la loi, de 400 à 500 kilos d’herbe de cannabis ont d’ailleurs été saisis et 22 personnes arrêtées lors d’une opération conjointe de la police et de l’armée de l’air uruguayennes.
La loi doit encore être approuvée par le Sénat, où le gouvernement dispose de la majorité. Après l’approbation de l’avortement et du mariage homosexuel, le débat sur la légalisation de la marijuana place en tout cas l’Uruguay et son président José Mujica à la pointe des gouvernements progressistes de la région, tout au moins sur les thèmes sociétaux.