Le trafic de cannabis est un commerce illicite mais juteux, qui rapporte au bas mot 832 millions d'euros par an, selon les dernières estimations de l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies. C'est aussi un marché stable, avec des prix qui résistent bien : la résine se négocie actuellement autour de sept euros le gramme, l'herbe autour de 10 euros.
En fait, les revenus générés par cette économie de l'ombre sont non seulement énormes en soi, mais ils sont aussi très importants à l'échelle du quotidien. Ainsi, à Marseille, les jeunes guetteurs à mobylette qu'on appelle des « choufs » (regarde en arabe), gagnent environ 300 euros par jour dans les cités, et les « nourrices » à peu près autant chaque mois. Les nourrices sont les personnes qui acceptent de stocker de la marchandise dans leur appartement et sont rétribuées pour leur silence.
La drogue la plus consommée en France
Bien évidemment, toutes ces transactions échappent totalement au fisc alors que le cannabis reste de loin la drogue la plus disponible et la plus consommée en France. Un tiers des adultes de 18 à 64 ans ont « expérimenté » cette substance en 2010, soit 13 millions de personnes, alors que la consommation régulière reste marginale (2,1% de cette même tranche d'âge).
Comme les autres drogues, le cannabis coûte cher à la collectivité en termes de dépenses de santé, de travail, de prévention et en répression. L'économiste Pierre Kopp estime l'enveloppe globale à environ un milliard sept cent millions d'euros, tous produits confondus.
En ce qui concerne la répression, seulement 90% des 120 000 interpellations réalisées chaque année sont liées au cannabis et l'Etat dépense la bagatelle de 300 millions d'euros pour mener à bien ces arrestations. En outre, les grosses saisies sont en légère baisse, car les trafiquants sont en train de changer leurs sources d'approvisionnement et leurs modes de transport. Elles tournent autour de soixante tonnes par an, et sont composées à 90% de résine en provenance du Maroc.