Cinq millions de personnes bénéficient de l’un des 3 niveaux d’habilitation de sécurité qui existent aux Etats-Unis : confidentiel, secret ou top secret. L’immense majorité de ces 5 millions appartient au personnel fédéral, civil et militaire. Mais plus d’un million de ces personnes autorisées à traiter des informations ultra-sensibles pour le pays sont des sous-traitants privés. Le nombre d’habilitations « Top Secret » parmi ces sous-traitants est même à peu près égal à celui des fonctionnaires de l’Etat américain.
Les habilitations « top secret» trop nombreuses
Ces habilitations sont distribuées au terme d’un processus de vérification qui n'est pas toujours très fiable, comme en témoigne l’affaire Snowden. Le jeune homme était habilité « confidentiel ». Pourtant, il avait, par exemple, participé à la campagne présidentielle de Ron Paul, un candidat républicain « libertaire » profondément opposé à toute interventionnisme de l’Etat. Un élément qui aurait peut-être dû alerter les personnes qui ont vérifié ses antécédents.
L’inspecteur général de l’office américain de gestion du personnel est allé encore plus loin, ce jeudi, devant les sénateurs. Patrick McFarland a révélé que 18 personnes ont été condamnées pour avoir menti et fabriqué un dossier de toutes pièces. Mensonge non pas des candidats à l'habilitation, mais des inspecteurs chargés de vérifier leurs antécédents et leur fiabilité.
Cela va de l’entretien qui n’a jamais eu lieu aux vérifications dûment notées mais qui n’ont pas été effectuées, en passant par des questions qui n’ont jamais été posées mais dont la réponse est portée au dossier du candidat. Si dix-huit cas ont été détectés, l'inspecteur général dit en craindre des centaines, voire des milliers d’autres. Son bureau n’a pas les moyens de faire les vérifications pour savoir s’il y a eu plus de fraudes, ajoute-t-il.
Le Congrès met le nez dans les comptes du Pentagone
Les inspecteurs sont eux-même des sous-traitants et le budget de toutes ces procédures de vérifications est terriblement secret. Un fonds renouvelable d’un milliard de dollars est affecté à ces procédures dans le budget du département de la Défense. Et, apparemment, le Pentagone n’apprécie guère que les élus du Congrès viennent mettre leur nez dans ses affaires, ou en tout cas dans ses comptes. La présidente de l’une des commissions qui menaient l’audition ce jeudi s’est plainte d’avoir demandé à plusieurs reprises un audit de ce fonds renouvelable. Cela n’a jamais été fait, regrette la démocrate Claire McCaskill, sénatrice du Missouri. « Je ne lâcherai pas l’affaire, a-t-elle prévenu le représentant du Pentagone présent à l’audition, ce jeudi. Je veux savoir où et comment cet argent est utilisé ».