Avec notre envoyé spécial à Altamira, en Amazonie, François Cardona
Armés d’arcs et de flèches, les Indiens sillonnent le chantier de Belo Monte sur des pick-up. Ils ont réussi à bloquer les travaux. Leur objectif ? Ouvrir des négociations avec le gouvernement brésilien, car d’ici deux ans, 500 km2 de forêt amazonienne vont être inondés et 16 000 personnes expulsées, en grande majorité des Indiens.
Sur le chantier du barrage, les négociations piétinent. Plus de 80 policiers et soldats de la force nationale, lourdement armés, attendent. Prêts à intervenir pour déloger les protestataires. Face à eux, 150 Indiens déterminés, des guerriers des tribus du fleuve Xingu, avec leurs femmes et leurs enfants en bas âge.
Ils craignent le pire, car le constructeur du barrage, tout-puissant dans la région, a réussi à faire expulser par la police les journalistes présents sur place. Sous peine d’être arrêtés, nous avons dû sortir du chantier, escortés par la police, sous les regards angoissés des Indiens, terrifiés à l’idée de perdre les rares témoins de leur protestation pacifique.
Nous ne pourrons revenir sur place, sous peine également d’être envoyés en prison.
Les Indiens sont désormais seuls face aux soldats de la force nationale. Sans personne pour témoigner si la situation dégénère.