L’ancien ministre mexicain du Commerce, Herminio Blanco, et l’ambassadeur du Brésil auprès de l’OMC, Roberto Azevedo, sont en lice. Un bras de fer entre deux pays, et surtout deux modèles commerciaux : l’un libéral, l’autre protectionniste.
Le Mexique est un modèle d’ouverture économique. Son candidat, Herminio Blanco, a été l'un des architectes de l’Alena, l’Accord de libre-échange nord-américain signé en 1994 par son pays avec les Etats-Unis et le Canada. Avec le Chili, le Mexique est également le pays qui a signé le plus de traités commerciaux internationaux, avec l’Union européenne et le Japon, notamment.
Ouverture contre protectionnisme
En face, le Brésil privilégie la demande interne sur le commerce extérieur. Depuis l'an dernier, le gouvernement de Dilma Rousseff a relevé les droits de douane sur une centaine de produits. Une politique protectionniste qui a été beaucoup critiquée par ses partenaires commerciaux. Reste que le gouvernement brésilien a assumé, depuis 2003, sous la présidence de Luiz Ignacio Lula da Silva, un rôle clé au sein de l’OMC, par sa défense des pays en développement face aux Américains et aux Européens.
Pour la première fois, un responsable d’un pays émergent va diriger l’organisation pour un mandat de quatre ans. Selon les règles de l’OMC, le candidat final doit être désigné par consensus par les 159 Etats membres, avant le 31 mai prochain. L’actuel directeur général, Pascal Lamy, doit en effet quitter ses fonctions au mois d’août.
Réactiver le cycle de Doha et moderniser l’OMC
Le principal chantier du futur directeur général de l’OMC sera de relancer le cycle de Doha, qui vise à réformer en profondeur, le système commercial mondial. Depuis près de dix ans, les négociations du cycle de Doha sont en panne, en raison des intérêts contradictoires des différents Etats membres de l’OMC, chacun campant sur ses positions.
Les pays du Nord et du Sud ne parviennent pas à se mettre d’accord sur les modalités de ce texte commercial multilatéral, dont l’objectif est d’améliorer l’accès des pays en développement aux marchés des pays riches. Les négociations achoppent sur le refus de l’Union européenne et des Etats-Unis de réduire leurs subventions agricoles et sur celui de l’Inde et de la Chine de réduire les tarifs douaniers de leurs produits industriels. L’autre grand défi de la nouvelle direction sera de moderniser l’organisation qui dispose d’un tribunal chargé de trancher les litiges commerciaux entre les différents Etats membres.