Avec notre correspondant à Buenos Aires, Jean-Louis Buchet
Dans les rues de Buenos Aires, ce jeudi 4 octobre, on pouvait entendre chants, sifflets, pétards et tambours – l’atmosphère bruyante et traditionnelle que l’on retrouve dans toute manifestation politique ou syndicale en Argentine.
À une exception près : les manifestants sont en uniforme. Il s’agit de gendarmes, battant le pavé devant le siège de leur état-major. À moins d’un kilomètre à vol d’oiseau, l’ambiance est la même au pied du bâtiment des gardes-côtes.
Les deux forces militaires étaient descendues dans la rue une première fois mardi 2 octobre après avoir constaté que leur dernière paye n’incluait pas les primes, non soumises à cotisations sociales, qu’ils recevaient habituellement. Le lendemain, le gouvernement a fait verser les compléments de rémunération non perçus.
Les mutins réclament maintenant l’intégration de ces primes au salaire, une augmentation de la solde de base et une meilleure couverture sociale. Les autorités ont demandé quelques jours pour leur répondre.
Un protestation sociale qui met le gouvernement en difficulté
En attendant, les rebelles restent dans la rue. La protestation est sociale et ne menace pas l’ordre institutionnel, mais elle a débouché sur une crise politique d’autant plus grave, que le gouvernement se reposait jusqu’ici sur gendarmes et gardes-côtes pour assurer la sécurité dans des zones sensibles, en lieu et place d’une police peu professionnelle et souvent corrompue.
Le mouvement de grogne des gendarmes et des gardes-côtes, qui a surpris les autorités, ajoute un nouveau foyer de tension trois semaines après d’importantes manifestations qui ont révélé le mécontentement d’une partie des classes moyennes à l’égard de la présidente Cristina Kirchner.