Convention républicaine de Tampa : objectifs atteints ?

Le rideau est retombé, le 30 août, sur la convention du parti républicain, aux Etats-Unis. Durant quatre jours, les cadres, les militants et les délégués du mouvement conservateur (élus lors des primaires et des caucus du début de l’année) se sont retrouvés à Tampa, en Floride, pour la traditionnelle grand-messe qui précède, tous les quatre ans, l’élection présidentielle américaine. Depuis son discours d’acceptation, Mitt Romney est officiellement le candidat républicain qui affrontera Barack Obama le 6 novembre prochain au cours d’un scrutin dont l’issue reste, à l’heure actuelle, très incertaine. Quels étaient, pour le parti républicain, les objectifs de cette convention ? Ont-ils été atteints ?

De notre envoyé spécial à Tampa,

Mitt Romney est officiellement investi candidat du parti républicain à la présidentielle américaine du 6 novembre, à l'issue de la convention nationale de Tampa, le 31 août. Une occasion de cerner les objectifs poursuivis par cette convention et les moyens de les atteindre.

1. Définir Mitt Romney

C’est, tous les quatre ans, la mission principale de la convention : présenter au grand public un candidat qu’il ne connaît, en général, pas bien. Dans le cas de Mitt Romney, les choses étaient un peu différentes. L’ancien gouverneur du Massachusetts (2003-2007) avait déjà été très exposé médiatiquement, en 2008, lorsqu’il avait été candidat à l’investiture républicaine. Sa foi mormone et son manque d’expérience en matière politique (un seul mandat de gouverneur) avaient donné lieu à de vives attaques de la part de ses rivaux républicains et le grand public avait gardé de Mitt Romney le souvenir d’un homme d’affaires ayant réussi mais sans grande expérience politique et surtout sans grand charisme.

Les efforts de son équipe de campagne pour changer cette image ont culminé à Tampa, avec le discours de l’épouse du candidat. Devant une salle conquise d’avance, mais parlant aussi à des millions de téléspectateurs moins convaincus, Ann Romney s’est employée à briser l’image rigide et froide de son mari. S’adressant avant tout aux femmes, l’épouse de Mitt Romney a décrit son « véritable mariage » avec cet homme rencontré au bal de promotion du lycée. En lançant un vibrant « ce soir, je veux vous parler de nos cœurs, du fond du cœur, ce soir, je veux vous parler d’amour » dès les premières secondes de son allocution, Ann Romney semblait partie pour réussir sa mission. Mais en enchaînant immédiatement sur les difficiles conditions de vie des familles américaines, l’épouse de Mitt Romney s’est éloignée trop vite de son objectif.
Au final, c’est peut-être Paul Ryan qui a le mieux réussi à rendre le candidat présidentiel le plus sympathique en se moquant avec humour des goûts musicaux de son colistier.

2. Présenter son colistier Paul Ryan

L’élection présidentielle américaine se fait sur un ticket. En choisissant Paul Ryan pour candidat à la vice-présidence, Mitt Romney avait un double objectif : rallier les électeurs les plus jeunes et apaiser l’aile conservatrice du parti.
Père de trois enfants, élu du Wisconsin à la chambre des représentants depuis 1998, Paul Ryan est âgé de 42 ans mais pourrait facilement prétendre en avoir dix de moins. Il plait aux jeunes républicains mais doit aussi conquérir les électeurs indépendants. En évoquant ses propres goûts musicaux (« d’AC/DC à Led Zeppelin », affirme-t-il), le candidat à la vice-présidence a tenté une première approche. Mais ses positions conservatrices sur le plan social, son opposition à l’avortement y compris en cas de viol ou d’inceste par exemple, risquent de l’empêcher de séduire les jeunes électeurs du centre.

Ajoutées à son extrême rigueur budgétaire, ces mêmes positions le rendent, en revanche, extrêmement populaire au sein de la droite la plus dure du parti républicain dont de nombreux dirigeants avaient insisté auprès de Mitt Romney pour qu’il choisisse l’élu du Wisconsin.

3. Attaquer Barack Obama

Tout au long des dix semaines de campagne qui nous séparent encore de l’élection, Paul Ryan devra également lancer les attaques les plus virulentes contre Barack Obama. C’est traditionnellement le rôle qui échoit au candidat à la vice-présidence. L’élu du Wisconsin a déjà commencé. Lors de son discours d’acceptation, ce mercredi, Paul Ryan a vivement critiqué la politique économique de l’actuel président américain. Notamment ce qu’il connait le mieux : les questions budgétaires. « Nous devons cesser de dépenser l’argent que nous n’avons pas » a lancé Paul Ryan, auteur du très austère projet de budget du camp républicain.

4. Adopter le programme politique du parti républicain

Rigueur budgétaire, abaissement des impôts sur les sociétés, que ce soit sur le plan économique ou social, le programme du parti est résolument conservateur. Adopté par les délégués du parti dès les premiers jours de la convention, le programme républicain dénote une nette inflexion à droite. La question de l’avortement suscite l’inquiétude des organisations féministes. Le texte adopté cette semaine prévoit « l’interdiction de l’interruption volontaire de grossesse » sans mentionner explicitement la moindre exception. Une position éloignée de celle du candidat Romney qui n’est toutefois pas tenu de s’y tenir. En 1996, le candidat républicain Bob Dole avait déclaré qu’il n’avait pas lu et ne comptait pas faire campagne sur le programme du part.

5. Séduire la Floride en apportant avec la convention une manne financière

Dans les mois précédant la convention, le parti républicain affirmait que Tampa et sa région bénéficieraient d’une véritable manne financière avec la tenue de l’événement, estimée à 173 millions de dollars par le magazine Forbes. Au moment où nous écrivons ces lignes, il est encore trop tôt pour tirer un bilan financier précis de l’impact de la convention sur la région. De fait, les hôtels de Tampa ont connu une fréquentation de 90 à 95% contre 50 à 60% habituellement en cette saison. Mais le passage de la tempête tropicale Isaac et les mesures de sécurité drastiques (notamment la fermeture au public d’une grande partie du centre-ville) ont empêché les habitants de la région de se rendre sur les lieux de la convention. Et il n’est pas certain du tout que la fréquentation de l’événement ait atteint les 50.000 personnes promises par le parti républicain.

Barack Obama deviendra à son tour le candidat officiel du parti démocrate jeudi prochain (6 septembre), lorsqu’il acceptera la nomination de son parti lors de la convention démocrate à Charlotte, en Caroline du Nord

Mitt Romney avait annoncé son retrait de la course lors de la conférence annuelle « CPAC » (Conservative Political Action Conference), le 7 février à Washington, D.C.

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