Défenseur acharné des espèces menacées et en particulier des baleines, le militant écologiste Paul Watson est introuvable depuis le 22 juillet. Le Canadien âgé de 61 ans séjournait à Francfort depuis le 13 mai après avoir été arrête par les autorités allemandes, suite à un mandat d’arrêt émis par le Costa Rica pour des faits remontants à 2002. Il a été libéré cinq jours plus tard, le 18 mai, contre une caution de 250 000 euros versée par l’acteur britannique Pierce Brosnan, libération conditionnée à l’obligation de venir pointer deux fois par jour au commissariat. Jusqu’au 22 juillet, Paul Watson s’était exécuté mais il ne s’est pas présenté depuis et, vendredi 27 juillet, les autorités allemandes étaient toujours sans nouvelles de lui.
Une fuite prévisible
La raison de cette apparente fuite est toute simple : l’ancien militant de Greenpeace – organisation dont il a été exclu en 1977 – était dans l’attente d’une décision de la Cour d’appel de Francfort visant à l’extrader vers le Costa Rica. La justice de ce pays veut depuis longtemps le voir comparaître pour tentative de meurtre contre des hommes d’équipage d’un bateau qui pêchait dans les eaux territoriales du Guatemala, des faits survenus donc en 2002, lorsque Watson tentait d’empêcher par la force la pratique du « shark finning » qui consiste à capturer des requins, à leur couper les ailerons – mets très prisés en Extrême-Orient – puis à rejeter les squales à la mer.
Les craintes du fuyard étaient justifiées car, le 25 juillet, la justice allemande a bien ordonné son extradition vers le Costa Rica, ajoutant que le mandat d’arrêt émis contre lui devait être mis à exécution. Le représentant de l’accusé s’est pour sa part borné à dire aux magistrats que Watson avait bien quitté le pays pour une « destination non spécifiée ». Non content de ne pas vouloir purger une éventuelle peine de prison au Costa Rica, le fondateur de Sea Shepherd, l’ONG de protection des océans qu’il a fondée en 1977, craint tout simplement pour sa vie, s’il devait être incarcéré dans les geôles d’Amérique centrale.
En danger de mort
« Je n’ai aucune raison de croire que le système judicaire du Costa Rica ne m’offrira pas un procès équitable », avait-il déclaré à l’Agence France-Presse courant mai. « Mon inquiétude, avait-il repris, ne concerne pas le système judiciaire mais le fait que la mafia de la nageoire de requin a mis ma tête à prix et qu’une prison costaricienne fournirait une excellente occasion pour exercer ce contrat mortel contre moi ». Ce nouvel épisode ajoute un chapitre à la légende déjà bien fournie du « capitaine » dont les premières activités de sauvegarde de l’environnement remontent à 1969 et à une manifestation anti-nucléaire alors qu’il était membre, à 19 ans, du Sierra Club, association fondée en 1892 à San Francisco.
Depuis, Paul Watson n’a cessé de militer pour la protection des océans, d’abord au sein de Greenpeace puis à la tête des associations Sea Shepherd, Friends of the Wolf et Earthforce Environmental Society. En tant que membre du parti Vert de Colombie britannique, il est présenté sans succès à l’élection pour la mairie de Vancouver en 1986. Il a également enseigné l’écologie à l’université de Pasadena, près de Los Angeles, entre 1990 et 1994. Déterminé, Paul Watson a eu maintes fois maille à partir avec les autorités de divers pays ainsi qu’avec les équipages de navires de pêche et de chasse dans toutes les régions du globe. Il bénéficie de nombreux soutien à travers le monde, dont celui de Brigitte Bardot qui a qualifié la mesure d’extradition prise à son encontre d’ « injustice totale ».