Avec notre correspondante à Santiago du Chili, Claire Martin
Sous une pluie de caillasses, de cris, de crachats, entrent les partisans de l’ancien dictateur Augusto Pinochet dans le théâtre Caupolicán, protégés par un cordon de policiers. A l’intérieur, à portes closes, ils célèbrent la mémoire d’un homme qui a tué plus de 3 000 opposants, qui en a torturés près de 40 000. Luis Naranjo est venu manifester sa colère malgré ses 75 ans : « C’est comme si on rendait hommage à Hitler, à un assassin, comment peut-on célébrer un assassin ? »
Relancée par des centaines de manifestants, cette femme en chaise roulante crie pour les fusillés de la dictature. Les gens défient les lances à eau et les bombes lacrymogènes qui entrent en action brandissant les pancartes aux visages des victimes. Viola Carrillo montre une photo de Pinochet aux lunettes fumées. « C’est l’assassin de mon père. Le 22 octobre 1973, mon père a été assassiné et jusqu’à ce jour, les assassins marchent librement dans la rue, s'indigne-t-elle. Cela fait 46 ans que je porte dans mon cœur ce sentiment d’impuissance et de tristesse ! »
En 1973, elle avait 7 ans et onze frères et sœurs. Aucune loi n’interdit ce genre d’hommage au Chili. Le porte-parole du gouvernement, Andres Chadwick, l’a même défendu au nom de la liberté d’expression.