Après être arrivé à Florencia, Roméo Langlois a repris un avion pour Bogota où il a passé la nuit. Il affirme avoir été bien traité, et même « comme un invité » selon ses propres termes. Le journaliste a d'ailleurs pu récupérer une caméra, au cours de sa détention. Une caméra qu'on l'a vu tenir à sa sortie de voiture à San Isidor. Dans ses premiers mots, Roméo Langlois a aussi rappelé sa détermination à couvrir le conflit en Colombie :
« Je vais bien, un peu fatigué, mais je vais bien, à part le fait que j'ai été détenu pendant un mois ! Mis à part le moment où j'ai été blessé, pour tout le reste, ça va très bien. Je ne peux pas me plaindre, je pense que j'ai été traité comme n'importe quel combattant blessé de la guérilla, donc à la dure, avec peu de moyens, avec le peu qu'il y avait. Mais ils ne m'ont jamais attaché. Je leur ai dit très clairement dès le premier jour que je ne voulais pas qu'ils m'attachent, et ils ne l'ont jamais fait, ils m'ont toujours traité plutôt comme un invité, ils m'ont donné de la bonne nourriture, avec le peu qu'ils avaient, et ils ont toujours été très respectueux, je ne peux pas me plaindre ».
« Je n'avais pas besoin de cette expérience, poursuit Roméo Langlois, pour connaître le conflit colombien, ni pour connaître la guérilla, cela fait longtemps que je couvre tout cela. Ce qui me restera après cette expérience, c'est la conviction qu'il faut continuer à suivre ce conflit. C'est triste qu'il faille détenir des gens pour que le monde vienne voir ce qui se passe dans ces zones, pour que les gens parlent du conflit colombien, qui est un conflit oublié. Moi, en tant que journaliste, je dis qu'il faut continuer à couvrir ce conflit sous tous ses aspects ».
Libération à la lisière de la jungle
C'est à San Isidor, dans le sud du département de Caqueta, que les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) avaient donné rendez-vous à la mission humanitaire pour la libération de Roméo Langlois. Mercredi, une activité inhabituelle s'est emparée de cette petite localité. Une estrade a été érigée devant l'école du village, sous une banderole avec ces mots : « Nous, mères des guérilléros et des soldats, exigeons de mettre fin à la guerre fratricide ».
La mission humanitaire, composée de membres du CICR (Comité international de la Croix-Rouge), d'un émissaire spécial de la France et de l'ex-sénatrice colombienne Piedad Cordoba, est arrivée sur place peu avant midi. C'est seulement a 13h30 (heure de Bogota) que Roméo Langlois est apparu, entouré d'une foule de villageois, souriant, et apparemment en bonne santé. Dans une première déclaration, diffusée par la chaîne vénézuélienne Telesur, le journaliste français dit avoir été bien traité par les guérilléros et annoncé sa détermination de vouloir continuer à couvrir le conflit armé en Colombie.
Roméo Langlois a regagné Florencia, la capitale du département du Caqueta, où l'attendaient les représentants de France 24 et de l'Audiovisuel extérieur de la France, puis il est parti en direction de Bogota. Il doit rentrer en France très rapidement.
Rappel des faits
Le 28 avril, Roméo Langlois accompagne une brigade anti-drogue de l'armée colombienne pour filmer le démantèlement de laboratoires clandestins de cocaïne. Mais la brigade se fait attaquer par une unité régionale des FARC, le Front 15. Le combat dure plusieurs heures. Un policier et trois soldats sont tués.
Le journaliste lui-même est blessé au bras. Roméo Langlois décide alors d'enlever son gilet pare-balles et son casque pour signaler aux FARC qu'il est un civil. Il se dirige ensuite vers la zone d'où viennent les tirs puis disparaît.
Deux jours plus tard, le 1er mai, une femme, se présentant comme membre du Front 15, appelle un journaliste local. Elle explique que Roméo Langlois est en effet entre les mains de la guérilla, qui le déclare prisonnier de guerre puisqu'il qu'il a été capturé, portant une tenue militaire. Plusieurs jours plus tard, le commandement général des FARC confirme la revendication du Front 15.
A la mi-mai, la guérilla se dit prête à remettre Roméo Langlois à une délégation humanitaire, composée du CICR, de l'ex-sénatrice colombienne Piedad Cordoba et d'un émissaire de la France. Dimanche dernier, le Front 15 annonce la libération du journaliste pour le mercredi 30 mai. L'armée suspend à partir de mardi toute opération militaire dans la zone indiquée par les FARC, pour permettre la libération de l'otage.
Après un mois passé en captivité, Roméo Langlois est libéré mercredi à 13h30 (heure locale) dans le village de San Isidor, dans la jungle colombienne.
Réactions
A Issy-les-Moulineaux en région parisienne, dans les locaux de France 24, les parents de Roméo Langlois ont suivi sa libération en direct sur les écrans de télévision. La mère du journaliste, Aline Langlois revient sur le mois d'angoisse qui est désormais derrière elle.
Michel Langlois, le père de Roméo, raconte également comment il a vécu le mois de captivité de son fils.
Alain de Pouzilhac, le président de l'AEF, l'Audiovisuel extérieur de la France, se réjouit de cette libération relativement rapide de Roméo Langlois.
Pour sa part, le président français, François Hollande a exprimé sa très grande joie dans un communiqué. Il remercie les autorités colombiennes et le Comité international de la Croix-Rouge. Et il ajoute que ses pensées vont aussi vers les sept ressortissants français qui sont encore retenus en otages au Sahel et en Somalie.