Face à des revendications sociales croissantes, le président bolivien vient d’annoncer au nom des travailleurs et du peuple bolivien, la nationalisation de la société qui gère 73 % du transport d’électricité en Bolivie. Il s’agit de l’entreprise TDE (Transportadora de Electricidad), dont la majorité du capital (99,94 %) est détenue par l’espagnol REE, le Réseau électrique d’Espagne, détenu lui-même à 20 % par l’Etat espagnol.
Dans la foulée, Evo Morales a ordonné aux forces armées de prendre le contrôle de l'entreprise dont le siège est basé dans la ville de Cochabamba. Il a accusé la société de transport d’électricité TDE d’avoir investi seulement 61 millions d’euros au cours des quinze dernières années.
« Un prix juste »
Du côté de Madrid, le gouvernement espagnol se veut confiant. « Ce qu’a garanti le gouvernement bolivien, c’est que l’entreprise sera dédommagée des coûts investis dans le réseau d’électricité », a affirmé, ce mercredi 2 mai 2012, le ministre de l’Economie Luis de Guindos. Tout en précisant qu’il « surveillera » si l’Etat bolivien compense suffisamment l’expropriation de la filiale de REE, à qui il apportera « son assistance pour demander un prix juste pour ces investissements ».
Madrid a reçu, ce mercredi, le soutien de Bruxelles qui attend une « indemnisation rapide et adéquate » dans cette affaire. Cette décision « envoie un signal négatif aux investisseurs internationaux en Bolivie », a jugé le porte-parole de la commission chargé du dossier, John Clancy. Avant d’ajouter : « Nous faisons confiance aux autorités boliviennes pour pleinement respecter leurs accords d'investissement avec l'Espagne, et assurer une indemnisation rapide et adéquate pour cette expropriation ».
Le précédent argentin
Pour l’Espagne, c’est la deuxième mésaventure de ce genre en très peu de temps dans ce qui reste sa région de prédilection, l’Amérique latine. Il y a deux semaines, la présidente argentine Cristina Krichner a, en effet, annoncé l’expropriation partielle de la compagnie pétrolière IPF, contrôlée par le groupe espagnol Repsol à 57,4 %. Celui-ci veut d'ailleurs porter l'affaire devant la Cour internationale de justice. Une décision qui a ouvert une crise sans précédent entre l’Espagne et l’Argentine, deux pays traditionnellement amis.
Le président Evo Morales a fait des nationalisations des entreprises stratégiques détenues par des capitaux étrangers, l’une de ses priorités depuis son arrivée au pouvoir en 2006. Il a ainsi procédé à des nationalisations dans les secteurs des hydrocarbures (Repsol en 2006 ou AirBP en 2009), de l’électricité (plusieurs centrales électriques dont une détenue par le Français GDF Suez), des télécommunications (Telecom en 2008) ou des mines (Glencore en 2010). Le président bolivien et ses homologues vénézuéliens Hugo Chavez, et équatorien, Rafael Correra, sont à la pointe du mouvement de reprise du contrôle par les Etats de la région de leurs ressources naturelles.