Florence Cassez, le feuilleton judiciaire continue

Au Mexique, la Cour suprême, en se prononçant contre la libération de Florence Cassez, ajoute un nouveau chapitre au feuilleton judiciaire qui dure maintenant depuis trois ans. Première bonne nouvelle pour la Française, condamnée à 60 ans de prison : quatre des cinq juges ont considéré qu’il y avait eu des infractions au cours de l’enquête. Et deuxième bonne nouvelle : la juge qui va reprendre le dossier s’est prononcée pour la libération de Florence Cassez.

Augustin Acosta, l’avocat mexicain de Florence Cassez, reste optimiste. « Avec la décision de la Cour suprême s’ouvrent de nouvelles perspectives », a-t-il déclaré mercredi 21 mars, après la délibération des cinq juges. Selon Maître Acosta, parler de sa cliente comme une femme coupable est tout simplement faux. L’espoir de l’avocat, tout comme celui de la famille reposent maintenant sur une nouvelle proposition qui est susceptible de dégager une majorité. C’est la juge Olga Sanchez Cordera, membre de la Cour suprême, qui va travailler sur un nouveau projet.

Elle avait voté, mercredi 21 mars, en faveur de la libération de Florence Cassez. Dans le passé, cette magistrate à la réputation libérale s’est prononcée à plusieurs reprises pour une justice indépendante qui respecte les droits de l’homme. Dans l’affaire Florence Cassez, Olga Sanchez Cordera s’est fixée un objectif simple, comme elle l’a dit sur l’antenne de RFI : « Reprendre le dossier à zéro et tenter de convaincre au moins trois magistrats ».

C’est reparti pour plusieurs mois d’examen

Aucun délai n’a été fixé pour l’élaboration du nouveau projet. La juge veut rendre son rapport le plus vite, dit-elle, tout en prenant le temps nécessaire « pour construire un argumentaire convaincant ». L’examen du nouveau projet pourrait toutefois prendre plusieurs mois. A la fin, la Cour suprême se réunira à nouveau pour une délibération. Me Acosta, lui, veut y croire. « S’il y a un nouveau procès, estime-t-il, cela conduira forcement à l’annulation de la peine ».

Un avis partagé par le constitutionaliste Elisur Arteaga. « Etant donnés les vices de procédures, d’ailleurs reconnus par quatre des cinq juges, la Cour suprême ne pourra que se prononcer pour une libération de Florence Cassez », estime cet expert interrogé par le journal El Universal.

Ce qui est sûr, c’est que la Cour suprême a laissé une brèche juridique. « Si pero no – Oui mais non » : La Razon résume ainsi la logique de la Cour. « Même si la Française de 37 ans doit rester en prison, son dossier est loin d’être clos », écrit, pour sa part, El Universal.

Après, à chacun sa propre lecture. Le procureur général se félicite également du jugement qu’a rendu la Cour. Elle respecte, selon lui, les droits des victimes. La dirigeante de l’organisation Halte aux enlèvements, Isabel Miranda de Wallace, crie elle aussi victoire. « Nous sommes confiants que la justice prévaudra à la fin », a déclaré à la presse la candidate du parti présidentiel à la mairie de Mexico.

Des propos qui reflètent également l’avis du président mexicain, Felipe Calderon. Accusé par les avocats de Florence Cassez d’en faire une affaire personnelle, il était une nouvelle fois intervenu dans le débat en début de semaine. Lors d’un vibrant discours sur la justice mexicaine, il s’est opposé implicitement à une libération de la Française. Mais la donne politique va bientôt changer au Mexique. Un nouveau président sera élu en juillet prochain.

D’ailleurs, la campagne pour l’élection présidentielle sera officiellement lancée le 30 mars. Et c’est sans surprise que l’affaire Cassez s’est invitée dans le débat. Pour l’instant, les candidats se sont bien gardés de s’exprimer sur le sujet. D’après des sondages, 83% des Mexicains sont contre la libération de Florence Cassez.

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