Mitt Romney a eu beau remporter six des dix primaires du Super-mardi, et près de la moitié des délégués qui étaient en jeu (437, soit 18% du total), il n'a toujours pas suffisamment creusé l'écart avec ses rivaux pour que ceux-ci abandonnent la course. On estime que le marginal Ron Paul maintiendra sa candidature le plus longtemps possible, parce que c'est une tribune pour ses idées libertariennes qu'il recherche, plus qu'une impossible nomination.
Mais Rick Santorum et Newt Gingrich aussi devraient s'accrocher, au moins quelques semaines encore, au risque que s'éternise la lutte féroce que les aspirants à l'investiture se livrent devant l'électorat et qui, de l'avis général, porte un tort considérable au parti républicain. La surenchère droitière à laquelle ils s'adonnent jour après jour, débat après débat, leur aurait déjà aliéné des secteurs aussi importants pour la bataille finale contre Barack Obama que les Hispaniques, et les femmes.
Couronné à Tampa
Pour la plupart des observateurs, les jeux sont faits au sein du camp républicain : Mitt Romney ne peut plus être mis en danger sur l'ensemble du processus des primaires, il sera donc couronné candidat officiel du parti par la convention nationale de Tampa fin août. Il dispose d'ores et déjà de 364 délégués (estimation AP), plus que les trois autres réunis, mais il lui faut franchir le cap des 1 144 délégués, soit la majorité du contingent qui siègera à Tampa, pour pouvoir crier victoire.
Malgré la quasi-assurance que Romney l'emportera au bout du compte, plusieurs facteurs incitent Rick Santorum et Newt Gingrich à rester dans la course, au moins jusqu'à la fin du mois et sans doute au-delà. D'abord, ce sont surtout des Etats du sud profond (Mississippi, Alabama, Kansas, Louisiane,...), naturellement méfiants envers l'homme du nord qu'est Mitt Romney, qui vont voter en mars. Les compétitions triangulaires qui vont s'y dérouler devraient cependant aider Mitt Romney à limiter les dégâts : il faudra que ses deux challengers se partagent les suffrages des électeurs anti-Romney.
Dispersion des forces
Et puis, l'importante dose de proportionnelle introduite cette année par le parti républicain dans les primaires fait que tous peuvent espérer, comme ce mardi, engranger des délégués. Cette règle du jeu inédite concourt à la dissémination des points marqués, et donc à la prolongation de l'affrontement fratricide.
Enfin, encore une nouvelle norme due cette fois à un arrêt de la Cour suprême : les puissants hommes d'affaires qui veulent soutenir l'un ou l'autre des candidats le peuvent désormais sans limite de fonds, à condition de regrouper leurs dons dans des sortes de fondations politiques, appelées « Super-PAC », sans liens formels avec le bénéficiaire. L'argent coule donc à flot dans cette campagne. Sans que les candidats doient le collecter directement, ils ne craignent plus, pour peu qu'ils comptent quelques milliardaires dans leur entourage, d'être à court de ressources.
A cet exercice-là comme à d'autres, Mitt Romney surclasse largement des concurrents qui ont cependant les moyens de faire de la résistance. La route jusqu'à Tampa est décidément ardue pour l'ex-gouverneur du Massachusetts.