Primaire républicaine: le «vote latino», grand enjeu électoral aux Etats-Unis

A dix mois de l’élection présidentielle américaine, les « latinos », comme on les appelle aux Etats-Unis, sont de plus en plus courtisés. C’est le cas notamment en Floride. Cet Etat clé organisait mardi 31 janvier 2012 les primaires républicaines. Les deux favoris de la course à l’investiture, Mitt Romney et Newt Gingrich, se sont livrés à une véritable chasse aux électeurs hispaniques.

Mitt Romney s’adresse aux électeurs en espagnol

Dans un Etat, où les annonces dans les supermarchés se font souvent en espagnol, les candidats à la présidence américaine sont également tenus de s’exprimer dans la langue de Cervantes. Barack Obama l’a fait en 2008. Et Mitt Romney lui emboîte le pas. Il tente de séduire les latinos avec des clips en espagnol.

Dans ce clip enregistré par le fils de Mitt Romney, le candidat républicain se pose comme défenseur des « vraies » valeurs américaines.

Les latinos, abandonnés par les républicains ?

Pourtant, les républicains ont dû mal à conquérir les votes des hispaniques. En 2004, ils étaient encore 44% à voter pour George W. Bush. Mais en 2008, 67% des hispaniques ont donné leur voix à Barack Obama.

C’est surtout le discours sur l’immigration qui ne passe pas auprès de ces électeurs. Mitt Romney, par exemple, est favorable à la construction d’un mur à la frontière mexicaine. Il refuse aussi la légalisation des 12 millions de clandestins. Sans parler du Dream Act, auquel il s’oppose catégoriquement. Avec ce projet de loi, les démocrates veulent naturaliser les immigrants qui ont obtenu des diplômes ou s’engagent dans l’armée. Mais d’autres raisons expliquent aussi pourquoi le cœur des hispaniques bat pour les démocrates.

Selon James Cohen, professeur à l’université de Paris 8, les latinos, à l’exception des Cubains de la Floride, penchent traditionnellement vers les démocrates. « C'est un électorat concerné par la politique d’éducation, les questions de santé ou encore l’Etat providence. »

Encore faut-il que les hispaniques se rendent aux urnes. « Le vrai défi pour Barack Obama consiste à mobiliser cet électorat », estime Vincent Michelot, professeur à Sciences Po Lyon. Certes, les latinos sont toujours plus nombreux à s’inscrire sur les listes électorales. Mais il reste encore un tiers d’entre eux qui ne vote pas.

A quand un président latino ?

Les hispaniques sont de plus en plus conscients de leur poids électoral. Un poids qui ne cessera de croître, surtout dans les Etats qui sont déjà les plus importants, électoralement : la Floride, la Californie ou encore le Texas.

Jésus Garcia, d’origine mexicaine, est député local de Chicago. Pour lui, le vote latino devient vraiment un enjeu de premier plan pour les prochaines élections. « Aucun candidat ne peut gagner sans les voix des hispaniques. Ils sont plus de 50 millions et représentent 10% de l’électorat. C’est la population avec le plus fort taux de croissance, non pas à cause de l’immigration mais grâce à la natalité. »

Pour l’instant, les hispaniques n’ont pas encore grimpé les échelons politiques. Des postes au gouvernement restent encore une exception. Mais comme souvent, la fiction a un pas d’avance sur la réalité. Dans la fameuse série télévisée West Wing, qui se déroule à la Maison Blanche, c’est un candidat latino, le personnage de Matt Santos qui est finalement élu président.
 

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