Rétropédalage aux Etats-Unis sur les lois anti-piratage

Le pouvoir de Google, Wikipedia, Facebook, Twitter, Yahoo! ou encore eBay n’est pas près de s’infléchir. Après que ces derniers aient protesté contre les projets de loi anti-piratage à l’étude au Congrès américain, le Sénat a fait savoir qu’il n’était plus aussi pressé de voter le « Protect IP Act », rebaptisé PIPA et la Chambre des représentants, dans la foulée, qu’elle reportait l’examen de SOPA, le « Stop online Privacy Act » . La Maison Blanche, elle, avait en amont pris ses distances avec ces deux textes. Un rétropédalage qui en dit beaucoup sur la place des géants de l’Internet aux Etats-Unis.

Au Sénat, le chef de la majorité démocrate, Harry Reid a décidé de reporter le vote sur le PIPA et à la Chambre des représentants, le père du SOPA a annoncé que sa commission allait reporter tout examen du projet de loi jusqu’à ce qu’un consensus plus large sur une solution se dégage. « Des changements de braquets » qui ne sont pas sans rapport avec le signal d’alarme lancé par les grands acteurs du web. Google et Wikipedia par exemple avaient décidé de faire écran noir le 18 janvier 2012.

Des lois accusées d'être liberticides

Une phrase illustrait leur protestation : « Imaginez un monde où le savoir ne serait pas libre ». Pointées du doigt donc l’atteinte à la liberté d’expression et à la capacité d’innovation de nombreuses sociétés qu’impliqueraient ces deux textes. Ces derniers ont en effet pour projet d’élargir la possibilité pour les ayants droit de limiter l’accès à un site lorsque celui-ci favorise, selon eux, le piratage des œuvres protégées. La différence avec le système actuel est qu’ils pourraient le faire en s’adressant directement aux sites concernés. Ces projets de loi sont soutenus par l'industrie du disque, du cinéma et du jeu vidéo.

Une victoire médiatique

Une vingtaine de parlementaires ont donc fait marche arrière. Le sénateur Marco Rubio, pourtant fervent défenseur du PIPA a indiqué qu’il retirait son soutien au motif « qu’il ne faut pas se précipiter sur une loi qui pourrait avoir maintes conséquences non souhaitées ». Et il n’est pas le seul. Orrin Hatch, sénateur républicain souhaite également prendre ses distances. Rupert Murdoch, le patron du géant des médias News Corp a dénoncé sur son compte Twitter, les pressions de la blogosphère qui terrorise, selon lui les sénateurs et représentants. Il est vrai que le monde de l’Internet mondial a marqué des points dans cette bataille, en rapportant une large victoire médiatique. Preuve qu’il va falloir compter avec eux dans le débat politique.

Le lobby des industries culturelles face au lobbying 2.0

Pour aboutir à un compromis, il va falloir mettre d'accord d'un côté les défenseurs du copyright, de l'autre les défenseurs de l'Internet libre. Le chef de la majorité démocrate du Sénat a toute fois insisté sur le fait que « la contrefaçon et la piraterie coûtent à l'économie américaine des milliards de dollars et des milliers d'emplois chaque année » et qu'il revient au Congrès de légiférer sur la question. Signe que le sujet n'est pas clos... Et que le lobbying 2.0 ne fait que commencer.

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