C’est officiel. Le fabricant américain d'appareils photographiques, Eastman Kodak, a annoncé son placement sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites, ce qui lui permet d’être protégé contre la saisie de ses biens par ses créditeurs. A la veille de son dépôt de bilan, le groupe ne valait plus que 150 millions de dollars en Bourse, alors qu’il y a quinze ans, la capitalisation boursière du groupe était de 31 milliards de dollars.
L’arrivée du numérique a sonné le déclin de cette société plus que centenaire, basée à Rochester, dans le nord de l’Etat de New York. Créée en 1880 aux Etats-Unis, Kodak a lancé les premiers appareils à pellicule photographique. A l'époque de sa splendeur, Kodak employait plus de 60 000 personnes dans le monde. Aujourd'hui, le groupe ne compte plus que 18 000 salariés dans le monde, dont 7 000 dans la ville de Rochester.
Un virage industriel mal négocié
L’arrivée du numérique dans les années 90 lui a porté un coup fatal. Depuis 2003, Kodak a fermé treize usines et 130 laboratoires et au cours des huit dernières années, le groupe a supprimé 47 000 postes. Depuis 2008, le groupe n’a pas dégagé le moindre bénéfice.
Comme avant lui le fabriquant allemand Leica, cette faillite de Kodak est la conséquence économique d’un virage industriel négocié trop tardivement. En optant pour le numérique bien après ses concurrents, notamment asiatiques, le fabricant américain est obligé de mener sa reconversion au pas de charge. Ses appareils numériques sont arrivés trop tard, et leur prix n’est pas justifié par la notoriété Kodak, comme dans l’argentique.
Un portefeuille de brevets
L’entreprise qui dispose aujourd’hui d’une facilité de crédit de 950 millions de dollars négociée auprès de la banque Citigroup pense qu’elle dispose de liquidités suffisantes pour effectuer ses activités dans le cadre du chapitre 11 de la loi. Désormais protégée de ses créanciers, Kodak a l’intention de se concentrer sur ses activités les plus rentables.
Le fabricant américain dispose, en effet, d'un portefeuille de brevets importants notamment dans le secteur de l'imagerie numérique. Son portefeuille de quelque 1 100 brevets dans l’imagerie a généré plus de 3 milliards de dollars de royalties depuis 2003. Ses brevets en imagerie numérique sont utilisés dans pratiquement tous les appareils photo numériques, smartphones et tablettes, Kodak détient également des brevets dans les techniques d’impression.