Le problème de l'armée haïtienne c'est qu'elle incarne deux réalités historiques contradictoires. La première date de la guerre d'indépendance. C'est l'armée qui a fait d'Haïti la première République noire indépendante. C'est à cette réalité que les défenseurs de l'armée se réfèrent.
Mais ses détracteurs se souviennent surtout de la seconde réalité historique : l'armée haïtienne a fait et défait les gouvernements du pays au rythme de nombreux coups d'Etat. Le coup d'Etat de trop a été celui contre Jean-Bertrand Aristide qui, dès qu'il est revenu au pouvoir s'est appliqué à dissoudre l'armée.
La sécurité a alors été confiée à la PNH, la police nationale haïtienne, qui n'a pas su faire face à la montée de l'insécurité, qu'elle soit liée au trafic de drogue ou aux soubresauts politiques. En 2004 face au chaos généralisé, les Nations unies ont envoyé sur place la Minustah, une force de maintien de la paix de 10 000 soldats.
C'est encore elle qui, aujourd'hui, assure l'ordre aux côtés de la police haïtienne, mais elle est vécue comme une force d'occupation. D'où la volonté aujourd'hui du gouvernement d'y substituer une armée haïtienne. Au grand dam des opposants de Michel Martelly qui le soupçonne de vouloir créer une force militaire qui lui soit toute dévouée.