« No mas FARC ! » La Colombie dit non à la guérilla marxiste

La Colombie se mobilise contre la guérilla des FARC. Une grande manifestation est prévue ce mardi 6 décembre 2011. Cette marche intervient 10 jours après la mort de quatre otages tués par les Forces armées révolutionnaires de Colombie. Ces dernières années, les rebelles ont essuyé de sérieux revers et ont perdu plusieurs de leurs chefs historiques. Mais ils représentent encore une force avec laquelle il faut compter.

L’assassinat des quatre otages a provoqué une profonde indignation dans le pays. En tuant ces prisonniers détenus depuis plus de 12 ans, les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) ont envoyé un message clair, selon le journaliste colombien Eduardo MacKenzie : malgré tous les hommes qu’ils ont perdus - au combat ou suite à des défections - les rebelles restent une menace, capable de tuer.

Quelques jours avant l’exécution des otages, les FARC ont perdu leur chef Alfonso Cano, tué par l’armée colombienne. Selon le président Juan Manuel Santos, sa mort est le coup le plus dur jamais porté à la guérilla. Elle n’a pas tardé de nommer un successeur, Timoleon Jimenez, alias Timochenko. Le journaliste Eduardo Mackenzie estime que c’est un personnage « médiocre qui n’a brillé ni sur un plan politique ni sur un plan militaire ». Le nouveau dirigeant représenterait plutôt la ligne dure. Il est loin d’avoir le charisme de ses prédécesseurs. Et ce manque de prestige aura des conséquences pour l’organisation. Selon Pascal Drouhaud, auteur d’un livre sur les FARC*, la guérilla va perdre en visibilité.

Les FARC, combien de divisions ?

Pourchassés sans répit par les forces armées depuis 10 ans, les FARC ont dû laisser des plumes. Selon des experts, elles disposent entre 4 000 et 8 000 combattants. Mais si on calcule large, les FARC auraient perdu en 10 ans plus de la moitié de leurs troupes. Pour les guérilleros qui restent toujours actifs dans le sud du pays, un maître mot s’impose désormais, la mobilité.

Selon Pascal Drouhaud, les FARC optent pour des moyens de communication plus simples : « On revient aux messagers pour transmettre des informations, car les communications téléphoniques sont repérées. C’est ainsi que Manuel Marulanda – le chef historique des FARC - a été repéré puis tué en 2008. Et c’est la même chose pour Alfonso Cano. ». Toujours plus mobiles, les combattants et combattantes sont souvent jeunes. Et d’après Pascal Drouhaud, ils vivent en vase clos, convaincus de l’action militaire alors que le message politique « est devenu inaudible ».

Il est vrai, la guérilla avait adopté en 1993 une « plate-forme pour un gouvernement de réconciliation et reconstruction nationale ». Elle demandait des réformes agraires et une solution politique du conflit armée.

Pas de solution politique au conflit

Mais les FARC se sont radicalisées depuis, provoquant la colère de la population qui n’en peut plus de cette guerre interne. Aujourd’hui, le pays connaît une forte croissance, l’économie décolle. Et les Colombiens n’aspirent qu’à une chose, retrouver la paix. Mais en même temps, ils ne sont pas optimistes sur l’issue du conflit. « Selon des sondages, deux tiers des gens sont persuadés que la guerre va continuer, explique Olga Gonzales, sociologue et professeur à l’université de Paris VII. Dans les villes, la moitié des personnes interrogées se prononce pour une négociation avec les FARC, donc pour une solution pacifique du conflit ».

Or, un tel scénario a peu de chances de se réaliser. Car le nouveau chef des FARC a déjà fait savoir que la lutte continue. Et la réponse du gouvernement ne s’est pas fait attendre. « Si vous ne déposez pas vos armes, vous finirez comme votre prédécesseur », a prévenu le président Juan Manuel Santos. Autrement dit, les opérations militaires de l’armée contre les FARC vont continuer, avec toujours le risque que cela comporte pour les otages. La guérilla détient encore 13 personnes et menace de les tuer si les forces armées tentent de les libérer.

* FARC, confessions d'un guérillero de Pascal Drouhaud aux éditions Choiseul
 

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