Le président américain Barack Obama s'est déclaré, mercredi 16 novembre 2011, « profondément préoccupé » de la situation actuelle en Europe. Il faut dire que la zone euro est en pleine crise, menacée à la fois par une contagion de la crise de la dette à l'Italie et à l'Espagne, où les coûts d'emprunt ont atteint, en début de semaine, de nouveaux records, et par une croissance atone, confirmée au troisième trimestre.
Pour Barack Obama, il n'y a aucun doute : « les Européens ont une volonté politique réelle de sortir de la crise et les capacités financières ». Reste que l’Europe pâtit, selon lui, d’une « structure compliquée ». A plusieurs reprises, ces dernières semaines, Barack Obama s'est entretenu avec les dirigeants européens, en particulier avec la chancelière allemande Angela Merkel, le Premier ministre britannique David Cameron et le président français Nicolas Sarkozy. Il a répété à chaque fois l'importance pour les Etats-Unis qu'une solution européenne soit trouvée « le plus rapidement possible ».
« Un risque élevé »
Les Etats-Unis sont très inquiets des conséquences de la crise de la dette pour la conjoncture américaine, et notamment des risques de contagion de l’Italie et de la France. Les banques américaines ont, en effet, des engagements importants avec ces deux pays piliers de la zone euro. A tel point que l’agence de notation Fitch a lancé, mercredi, un avertissement. « Les banques américaines sont face à un risque élevé de dégradation de leur note de crédit en cas d’aggravation de la crise de la dette de la zone euro », observe ainsi l’agence Fitch.
Avant d’ajouter que « si les expositions des établissements américains aux dettes européennes sont gérables, une amplification de la contagion pose un réel problème ». Sur les marchés, la réaction a été immédiate : Morgan Stanley a plongé de 8%, Goldman Sachs de 4,2%, Citigroup de 4,1%, JPMorgan Chase et Bank of America de 3,7%. Fin juin, ces cinq grandes banques américaines avaient près de 190 milliards de dollars d’exposition à la France. Des banques américaines qui pourraient également pâtir de leur exposition aux banques allemandes. L’agence Moody’s a dégradé, mercredi, de trois crans les notes de dix banques publiques régionales allemandes.
La contagion d’un continent à l’autre
Conséquence de l’interdépendance des économies américaine et européenne, la crise de la dette commence à se faire sentir outre-Atlantique. L’agence Wells Fargo prévoit une croissance de 2,1% aux Etats-Unis l’année prochaine, un taux amputé de 0,4 point de pourcentage en raison de la crise européenne. Chez Goldman Sachs, on estime que le ralentissement dans la zone euro pourrait coûter jusqu’à un point de croissance aux Etats-Unis. Les premiers effets se font sentir, dans les secteurs de l’automobile, des composants informatiques ou de l’habillement, en raison d’une baisse des ventes et d’une hausse des coûts en Europe.
La contagion d’un continent à l’autre ne semble donc plus qu’une question de temps. Une perspective rendue encore plus sombre par la mauvaise santé de l’économie américaine. Outre-Atlantique, tous les indicateurs sont au rouge : croissance faible, recul de la consommation des ménages, taux de chômage à 9,1% de la population active et un important déficit commercial.