Avec notre correspondante en Haïti, Amélie Baron
La courte vidéo où l'on voit le jeune Haïtien, le pantalon baissé, maintenu de force sur un matelas par des soldats, circule toujours sur les téléphones portables. A Port-au-Prince, l'affaire est discutée avec écœurement mais sans colère.
« Si ça avait été une personne de la Minustah qui avait été violée, je vous donne la garantie que ça ne se passerait pas comme ça, assure Moïse, un habitant de la capitale. Il faut que les personnes qui dirigent les Nations unies, comme Ban Ki-moon, prennent au moins conscience qu'ils ont des enfants (et que) ça pourrait leur arriver à eux. Ils se doivent d'agir non seulement en tant que personnes responsables mais avant tout en tant qu'êtres humains ».
Un argument contre la Minustah
Plusieurs enquêtes ont été ouvertes mais, à 56 ans, Immacula Gerdais ne se fait guère d'illusions : « Comme en Haïti, il n'y a jamais d'enquête, on dit : l' enquête se poursuit. Mais après trois jours, ils oublient même s'il s'agit d'une personne qui a été tuée, regrette-t-il. La Minustah se doit de dédommager ce jeune de 18 ans. Ils doivent arrêter ces types et les juger pour qu'ils ne refassent plus jamais ça ».
Ce nouveau scandale offre un argument supplémentaire aux détracteurs de la Minustah qui réclament le départ des troupes onusiennes, considérées comme coupables de l'apparition du choléra, il y a un an. Mais le mandat de la mission, qui arrive à terme en octobre, s'apprête à être renouvelé pour une huitième année.