Avec notre correspondante à Santiago, Claire Martin
La grève nationale n’a pas paralysé le pays. Elle l’a ralenti. Le gouvernement du président Sebastian Piñera est soulagé. Il affronte depuis trois mois les manifestations massives des étudiants et des élèves du secondaire, qui exigent une éducation gratuite, publique, de qualité. Quant aux syndicats qui appellent à la grève, ils revendiquent notamment une réforme des retraites .
Officiellement, 14, 3 % des fonctionnaires ont fait grève ce 24 août. Il y a eu des heurts violents, ponctuels et localisés, entre manifestants et policiers. Des petits groupes ont coupé des routes. Dans certaines régions, des manifestations d’importance moyenne ont été organisées.
Si l’activité a été ralentie dans la capitale, Santiago, qui compte plus d’un tiers de la population, c’est surtout parce que les gens ont eu peur.
Depuis quelques jours, le gouvernement mène campagne contre la grève. Il effraie. Il n’a pas écarté l'éventualité d'appliquer la loi de sécurité d’État qui consiste à sortir les militaires et à imposer le couvre-feu.
La campagne a peut-être été contreproductive : si le gouvernement n’avait pas autant effrayé les gens, beaucoup plus de personnes auraient été travaillé.
Pour savoir si la grève est réellement suivie, il faut attendre les manifestations prévues aujourd'hui.
Il y a une semaine, le 18 août, près de 100 000 étudiants et lycéens ont défilé à Santiago et 50 000 en province au cours d'une Marche pour l'Éducation, la sixième du genre depuis le mois de juin. Les manifestants réclament la création d'un véritable service public, « gratuit et démocratique ».
Les étudiants n'ont pas été les seuls à descendre dans la rue ces derniers mois : les organisations des Mapuche (Indiens du sud du Chili), les retraités, les défenseurs de l'environnement...
Le président milliardaire Sebastian Piñera, surnommé le « Berlusconi chilien », a été élu le 17 janvier 2010, avec 53,50% des voix.
Après le sauvetage réussi des 33 mineurs de la mine de San José, en octobre 2010, la cote du chef de l'État avait atteint un record dans les sondages avec 63% d'approbation des Chiliens. Celle-ci est tombée à 30% au mois de juillet 2011, selon l'institut Adimark.