La crise de la dette américaine en questions

Les négociations entre démocrates et républicains pour un relèvement du plafond de la dette fédérale américaine sont dans l’impasse. Faute d’accord sur le budget d’ici le 2 août 2011, les Etats-Unis pourraient se retrouver en défaut de paiement, une situation qui aurait des conséquences catastrophiques, estiment de nombreux experts.

Le plafond de la dette : de quoi s’agit-il ?

Les Etats-Unis font partie de ces rares pays à disposer d’une loi qui encadre la taille de leur dette publique. Ce texte, qui date de la Première Guerre mondiale, oblige le gouvernement fédéral à faire valider le total de sa dette par le Congrès qui fixe un plafond. L’administration américaine ne peut donc pas endetter davantage le pays que le plafond autorisé par les élus. Cette limite, fixée à 14 294 milliards de dollars, a été dépassée à la mi-mai. Le trésor américain assure depuis le fonctionnement de l’Etat sans augmenter l’endettement du pays mais il a prévenu qu’à partir du 2 août ses ressources seront taries et les Etats-Unis pourraient alors rapidement se retrouver en défaut de paiement.


Y a-t-il eu des précédents ?

En 1995, sous l’administration Clinton, une situation similaire a provoqué une paralysie du gouvernement fédéral pendant trois semaines. La dette fédérale avait alors dépassé la barre symbolique des 5 000 milliards de dollars. A l’époque, certaines administrations non prioritaires ont dû fermer jusqu’à ce que la situation soit débloquée.
Dix ans auparavant, en 1985, c’est le gouvernement Reagan qui était en difficulté face à un Congrès majoritairement démocrate qui dénonçait à l’époque l’explosion des dépenses publiques principalement due à la relance de la course aux armements et au financement du programme « Guerre des étoiles ».


Relever le plafond de la dette, souvent une formalité

Depuis les années 1960, le Congrès a voté 74 fois le relèvement du plafond de la dette. Cette limite a été renégociée une dizaine de fois au cours des 10 dernières années, dont deux fois en 2009, sous la présidence de Barack Obama. Pourtant, ce dernier, lorsqu’il était sénateur de l’Illinois, avait voté en 2006 contre une demande de l’administration Bush d’augmenter le plafond de la dette.
 

Quelles options en cas d’échec des négociations d’ici le 2 août ?

L’administration Obama pourrait se voir contrainte de vendre certains de ses actifs pour honorer ses engagements. Mais cette vente se ferait dans l’urgence, donc dans des conditions peu avantageuses pour le gouvernement. La deuxième option consiste en une réduction immédiate des dépenses. Des coupes dans le budget de la défense ou dans les versements de Medicare, de Medicaid ou de sécurité sociale seraient décidées, un scénario socialement et politiquement difficile à défendre.


Les conséquences d’un défaut de paiement des Etats-Unis

Catastrophiques, estiment certains experts qui rappellent que la première puissance économique mondiale serait, dans ce cas-là, dans l’incapacité d’emprunter pour stimuler sa croissance. Les Etats-Unis replongeant dans la récession, entraîneraient avec eux l’économie de la planète. Lors de sa première conférence de presse en tant que directrice générale du FMI, Christine Lagarde avait mis en garde contre un tel défaut qui, selon elle, provoquerait « des hausses de taux d’intérêt, des contrecoups énormes sur les bourses et des conséquences vraiment déplorables pour l’économie mondiale dans son ensemble ».

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