La crise de confiance est profonde et les puissants services secrets pakistanais sont manifestement inquiets de la tournure prise par les événements. Ils veulent établir un contrat clair avec Washington, basé sur l'égalité, la confiance et le respect.
Les étapes marquant la détérioration se sont multipliées dans un mouvement quasi mécanique, implacable, dont l'épisode le plus significatif a été l'exécution d'Oussama ben Laden, le 2 mai dernier, par un commando américain. Une opération menée au cœur du territoire pakistanais et dans le mépris total de la souveraineté d'Islamabad, puisque les autorités n'ont appris l'existence de l'opération qu'un fois qu'elle était accomplie.
Rapprochement avec l'Inde
Pour Islamabad, c'est une humiliation qui donne surtout matière à douter de la fiabilité de son allié. D'autant plus que celui-ci, les Etats-Unis, manifeste lui aussi une absence totale de confiance à l'égard de sa loyauté, et réclame sans cesse plus d'engagement dans la guerre contre le terrorisme.
Mais il y a un autre sujet d'inquiétude pour le Pakistan et extrêmement préoccupant pour ses services secrets. Depuis le second mandat de l'ex-président Bush, les Etats-Unis sont engagés dans un rééquilibrage de leurs relations régionales. Clairement, le rapprochement avec l'Inde est spectaculaire.
Bien que le Pakistan demeure un élément central de la diplomatie américaine dans la région, pour Islamabad et en particulier pour les services secrets pakistanais qui comptent énormément dans la définition des relations d'Islamabad avec le reste du monde, ce rapprochement avec New Delhi est insupportable et porteur de menaces à la limite de la trahison.