Avec notre correspondant à Washington, Raphaël Reynes
Nul ne peut interdire la vente de certains jeux vidéo aux mineurs, aussi violents soient-ils. Au nom du sacro-saint premier amendement de la Constitution américaine, la Haute cour a cassé la décision prise par la Californie en 2005.
S’appuyant sur plusieurs études, l’Etat californien avait décidé d’imposer une limitation à la vente ainsi qu’à la location de jeux vidéo donnant la possibilité au joueur de « tuer, mutiler, démembrer, agresser sexuellement la représentation d’un être humain » aux mineurs. Les études montrant une corrélation entre l’usage de ces jeux et le développement de comportements violents.
« Les jugements moraux et esthétiques sur l'art et la littérature sont le fait de l'individu, écrit la Cour. Ils ne peuvent donc être décrétés par l'Etat ». Les parents sont donc responsables. Cela devrait plaire sans doute aux plus conservateurs.
Les juges ont ajouté : « l'Etat peut légitimement essayer de protéger les enfants. Mais cela ne signifie pas qu'il puisse restreindre les idées auxquelles ces enfants sont confrontés ». Les plus libéraux apprécieront.
La Cour précise que les enfants n'ont pas attendu l'apparition d'internet pour se confronter à un imaginaire violent. Et de citer la reine empoisonneuse de Blanche-Neige, mourant dans d'atroces souffrances, ou encore les pigeons arrachant les yeux des demi-sœurs de Cendrillon.
En un an, la Cour suprême aura décidé que les vidéos montrant des cruautés faites aux animaux ou encore les manifestations anti-homosexuelles, ayant eu lieu lors des funérailles privées d'un militaire, sont couvertes par la liberté d'expression.