Jeudi, à la sortie du tribunal, Anne Sinclair a traversé silencieuse mais sans chercher à se dissimuler une forêt de micros et de caméras. Sa seule déclaration est parvenue via communiqué, quelques heures après l'arrestation de Dominique Strauss-Kahn : « Je ne crois pas une seule seconde aux accusations portées contre mon mari. Je ne doute pas que son innocence soit établie ».
Au delà de sa confiance affichée, Anne Sinclair procure un appui décisif à l'ancien directeur du FMI. Sa présence dans la salle d'audience a pu être considérée comme un gage de stabilité auprès du juge. Elle a de surcroit rassemblé la caution nécessaire à sa libération conditionnelle et loué l'appartement dans lequel il sera assigné à résidence.
Petite fille et héritière d'un marchand d'art renommé de l'entre deux-guerres, Paul Rosenberg, elle a depuis longtemps mis une partie de sa fortune au service de la carrière politique de son mari. Selon le journal Le Monde, c'est elle qui, en 2001, pour satisfaire aux ambitions nationales de son époux, paye le loyer d'un grand appartement au cœur de Paris et finance les indispensables secrétariats, sites internet et enquêtes d'opinion.
Une femme politique
A l'époque où DSK n'est encore que « monsieur Sinclair », l'ancienne star de la télévision lui ouvre aussi son carnet d'adresses. Intervieweuse politique vedette, elle attire sur lui la lumière, jusqu'à s'effacer, en décidant d'arrêter d'animer son émission en 1997, après la nomination de son mari au ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie.
Dans le sillage de Dominique Strauss-Kahn, Anne Sinclair, femme de gauche assumée qui refusait d'inviter Jean-Marie Le Pen sur son plateau, renoue avec le militantisme de ses années étudiantes et parcourt les marchés de Sarcelles aux côtés de son mari en campagne électorale.
Après sa nomination au FMI en 2007, elle parle politique sur son blog quand son époux est contraint au silence par le devoir de réserve imposé. C'est elle qui en février dernier suscite l'émotion dans le landerneau politique en affirmant à propos de Dominique Strauss-Kahn : « Je ne souhaite pas qu'il fasse un deuxième mandat ».
Un soutien infaillible
A chaque épreuve traversée par Dominique Strauss-Kahn, Anne Sinclair affiche son indéfectible soutien. Elle est à ses côtés lorsqu'il annonce sa démission du ministère de l'Economie qu'il occupait dans le gouvernement Jospin en 1999, suite au scandale de la Mnef. Elle le défend sans faillir, jusqu'à ce qu'il soit blanchi par la justice.
Après la liaison qu'il entretient avec une collaboratrice du FMI en 2008, elle écrit sur son blog : « Ces choses peuvent arriver dans la vie de n'importe quel couple. Nous nous aimons comme au premier jour ». Aujourd'hui, Anne Sinclair affronte une tempête d'une violence sans précédent et continue de le défendre, toujours dans la dignité.