Avec notre correspondant à Washington, Jean-Louis Pourtet
« Nous avons décidé que travailler avec les Pakistanais risquait de mettre en danger la mission, car ils pourraient avertir les cibles », a confié Leon Panetta à l’hebdomadaire américain Time et plus tard à la chaîne NBC. Un aveu qui souligne que la confiance ne règne pas entre Washington et Islamabad.
Le fait que ben Laden vivait dans une ville militaire, non loin de la capitale, depuis de nombreuses années n’a rien fait pour calmer les soupçons de duplicité des dirigeants pakistanais. Le conseiller américain pour le contre-terrorisme, John Brennan, a déclaré lundi qu' « il serait prématuré d’écarter la possibilité que le chef d’al-Qaïda a reçu l’assistance des autorités », et il a annoncé l’ouverture d’une enquête, ardemment réclamée par le Congrès où un nombre d’élus a déjà demandé que l’on coupe les
milliards de dollars que les Etats-Unis donnent au Pakistan en aide militaire et économique.
L’administration américaine, qui a elle-même ses doutes, s’efforce de ne pas rompre les ponts avec un pays dont elle a besoin. C’est ainsi qu’Hillary Clinton a loué la coopération entre les deux gouvernements. Mais les louanges de la secrétaire d’Etat n’ont pas masqué la méfiance que les Etats-Unis continuent de garder à l’égard d’un allié dont la fiabilité est incertaine.
La France, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé a mis en cause le manque de clarté du Pakistan dans la lutte contre al-Qaïda. Nicolas Sarkozy pourra en discuter directement ce mercredi après-midi avec le Premier ministre pakistanais, Yousuf Raza Gilani à l'Elysée.